Le ministre de l'Intérieur de la province pakistanaise du Pendjab, la plus peuplée du pays, a été tué dimanche dans un double attentat-suicide contre un rassemblement politique qui a fait au moins 14 morts dans le nord-ouest du pays, ont annoncé les autorités.

«Deux kamikazes étaient présents, l'un à l'extérieur du mur d'enceinte, tandis que l'autre s'est faufilé à l'intérieur du bâtiment et s'est planté devant le ministre», a déclaré Mushtaq Sukhera, chef de la police de la province. «Lorsque le kamikaze à l'extérieur s'est fait exploser, le toit du bâtiment s'est affaissé sur le ministre et les gens à l'intérieur», a-t-il ajouté, précisant que 14 personnes avaient été tuées.

Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière perpétrée au Pakistan depuis le double attentat-suicide contre une église de Lahore (est), la capitale du Pendjab, ayant fait 17 morts en mars dernier.

Au total, une quarantaine de personnes assistaient dimanche à la réunion politique du ministre Shuja Khanzada à Shadi Khan, un village situé à environ 70 kilomètres au nord-ouest de la capitale nationale Islamabad, lorsque le toit de l'édifice où elles se réunissaient s'est effondré sous le souffle d'une déflagration.

«Le ministre de l'Intérieur du Pendjab Shuja Khanzada a péri», a précisé à l'AFP le chef des opérations de secours, Mohammad Ashfaq, alors que les messages de condoléances affluaient.

Ex-colonel âgé de 71 ans, Shuja Khanzada avait participé à la guerre de 1971 entre l'Inde et le Pakistan, puis avait été promu attaché militaire à l'ambassade pakistanaise de Washington dans les années 90, avant de se lancer en politique à la retraite.

Membre de la Ligue Musulmane du premier ministre Nawaz Sharif (PML-N), parti à la tête du gouvernement fédéral et de la province du Pendjab, il était député depuis 2002 de la circonscription d'Attock et était né dans le village de Shadi Khan, où a eu lieu l'attaque de dimanche.

«C'était un officier brillant dont le sacrifice pour la grande cause de purger le Pakistan (de l'extrémisme) ne sera pas perdu», a réagi la puissante armée dans un communiqué.

Un attentat signé talibans

Ce double attentat-suicide a été revendiqué dans la soirée sur Twitter par un porte-parole du TTP Jamaat ul-Ahrar, une branche dissidente des talibans pakistanais, qui a dit avoir agi en «coopération» avec d'autres djihadistes afin de «venger» la mort du chef du Lashkar-e-Jhangvi (LeJ), un important groupe islamiste armé pakistanais.

Les forces pakistanaises avaient lancé en juin 2014 une offensive dans le nord-ouest du pays contre les talibans du TTP, en lutte contre le gouvernement d'Islamabad et les symboles du pouvoir, et leurs alliés d'Al-Qaïda.

Cette opération s'est intensifiée après le massacre taliban contre une école militaire de Peshawar (nord-ouest) qui avait fait plus de 150 morts, dont une majorité d'écoliers, en décembre dernier.

Or fin juillet, la police pakistanaise avait aussi abattu Malik Ishaq, l'influent leader du Lashkar-e-Jhangvi (LeJ), faction sunnite extrémiste proche d'Al-Qaïda et accusée d'innombrables attaques, dans une volonté des autorités de neutraliser les groupes djihadistes perpétrant des attentats sur son sol.

Selon les autorités, Malik Ishaq avait été tué avec 13 autres cadres du LeJ, dont deux de ses fils et son adjoint Ghulam Rasool Shah, lors d'une fusillade avec la police dans les faubourgs de Muzaffargarh, dans la province du Pendjab, le berceau du LeJ.

Après cet attentat, l'armée a annoncé la mort de 40 insurgés lors de raids aériens dans la vallée de Shawal, un secteur reculé du Waziristan du Nord, zone tribale frontalière de l'Afghanistan, qui a servi de QG à la mouvance djihadiste au cours de la dernière décennie.

Il n'a toutefois pas été possible de confirmer ce bilan par des sources indépendantes, le Waziristan du Nord étant actuellement interdit d'accès aux journalistes.