La Corée du Sud a renforcé sa sécurité à la frontière avec la Corée du Nord, signe du regain de tensions militaires provoqué par l'explosion de mines dont Pyongyang a été rendue responsable par Séoul.

La Corée du Sud accuse des soldats nord-coréens d'avoir traversé subrepticement la frontière pour déposer des mines antipersonnel.

Deux soldats sud-coréens ont été mutilés la semaine dernière par des explosions. L'incident s'était produit dans la zone démilitarisée (DMZ) qui s'étale sur deux kilomètres de part et d'autre de la frontière. Un des soldats a dû être amputé des deux membres inférieurs, et l'autre a perdu une jambe.

En représailles, la Corée du Sud a ordonné la reprise de la guerre de propagande à la frontière, avec la remise en service pour la première fois depuis 11 ans de haut-parleurs installés dans le secteur.

La Corée du Nord ne goûte guère ce genre d'opérations. La dernière fois que Séoul avait menacé de rallumer les haut-parleurs, en 2010, Pyongyang avait menacé de bombarder les unités militaires concernées.

«Nous renforçons nos positions défensives (le long de la frontière) contre une nouvelle provocation potentielle du Nord», a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense Kim Min-Seok.

L'armée «répliquera immédiatement» si la Corée du Nord ouvre le feu sur les haut-parleurs, a-t-il dit. Les personnes habitant le secteur ont été invités à faire preuve de la plus grande prudence et les agriculteurs à déserter leurs champs, a-t-il ajouté.

La présidence sud-coréenne a quant à elle demandé des excuses à la Corée du Nord pour ce qu'elle a qualifié de «violation claire» de l'accord de cessez-le-feu ayant mis fin à la guerre de Corée (1950-53).

«Nous appelons solennellement la Corée du Nord à présenter ses excuses pour cette provocation et à punir les responsables», a déclaré Min Kyung-Wook, porte-parole de la Maison Bleue.

Le ministre britannique des Affaires étrangères Philip Hammond, en voyage de deux jours en Corée du Sud, a condamné une «attaque injustifiée. Les Nord-Coréens doivent répondre de la violation de l'armistice», a-t-il dit.

D'après la presse sud-coréenne, les haut-parleurs ont repris du service en 11 points de la frontière.

Ils diffusent sans lésiner sur le volume des informations internationales, des bulletins météo ainsi que des messages dénonçant les provocations nord-coréennes et évoquant la supériorité de la démocratie, selon le ministère de la Défense. Les messages peuvent être entendus plus de 10 kilomètres à la ronde.

Pendant des années, les haut-parleurs sud-coréens avaient diffusé des messages vantant les joies de la vie au Sud mais ces opérations avaient été suspendues en 2004 lors d'une période de rapprochement entre les deux États rivaux initiée par l'ancien président sud-coréen Kim Dae-Jung.

Les tensions étaient déjà élevées sur la péninsule coréenne dans l'attente la semaine prochaine d'un nouvel exercice militaire conjoint entre la Corée du Sud et les États-Unis condamné par avance par Pyongyang.