Les tensions sont montées d'un cran sur la péninsule coréenne lundi: Séoul a accusé Pyongyang d'avoir placé les mines antipersonnel qui avaient blessé deux de ses soldats en patrouille à la frontière la semaine dernière et brandi la menace de représailles.

D'après le ministère sud-coréen de la Défense, trois mines antipersonnel ont explosé dans l'incident survenu mardi dernier au passage d'une patrouille sud-coréenne dans la zone démilitarisée (DMZ) qui s'étale sur deux kilomètres de part et d'autre de la frontière entre les deux Corées.

«Nous sommes certains qu'il s'agissait de mines antipersonnel nord-coréennes placées dans l'intention de tuer par nos ennemis qui ont traversé en cachette la frontière militaire», a déclaré Kim Min-Seok, un porte-parole du ministère, à la presse.

Un soldat a dû être amputé des deux jambes. L'autre a perdu une jambe.

«Notre armée (....) fera payer à la Corée du Nord un prix sévère et proportionné pour sa provocation», ont prévenu dans un communiqué les chefs d'état-major de la Corée du Sud.

Il s'agit d'un «acte sans fondement» et d'une «violation injustifiée» des accords de non-agression en vigueur, ont-ils poursuivi, avant d'appeler la Corée du Nord à présenter ses excuses pour cet incident et à punir les responsables.

Le ministère de la Défense s'est refusé à préciser ce qu'il entendait par «prix sévère» tandis que les analystes jugent qu'une réponse appropriée serait difficile à mettre en oeuvre.

«En réalité, c'est dur de dire ce que la Corée du Sud peut réellement faire», a commenté Dan Pinkston, spécialiste de la Corée du Nord au sein du International Crisis Group de Séoul.

Mines récentes

«Il s'agit d'une violation inacceptable des conditions du cessez-le-feu mais il ne faut pas que la situation connaisse une escalade qui échapperait à tout contrôle», a-t-il dit à l'AFP.

Les deux Etats rivaux sont toujours techniquement en guerre, la guerre de Corée (1950-53) ayant pris fin avec un cessez-le-feu plutôt qu'un traité d'armistice.

La Corée du Nord n'a pas réagi dans l'immédiat à ces accusations.

La dernière attaque directe commise contre le Sud date de décembre 2010, lorsque la Corée du Nord avait bombardé l'île sud-coréenne de Yeonpyeong, en réponse à un exercice militaire de Séoul près de la frontière maritime disputée entre les deux pays.

Ce bombardement avait causé la mort de deux soldats et de deux civils sud-coréens. Séoul avait répondu en bombardant des positions nord-coréennes, ce qui avait fait craindre le déclenchement d'un conflit à grande échelle.

Le commandement de l'ONU chargé de surveiller l'application du cessez-le-feu a indiqué lundi avoir mené une enquête qui a montré qu'il s'agissait de mines nord-coréennes placées sur un chemin bien connu pour être emprunté par les patrouilles sud-coréennes.

«Les investigations ont déterminé que les engins avaient été placés récemment, excluant la possibilité qu'il puisse s'agir de mines antipersonnel héritées (d'une époque antérieure) qui se seraient déplacées», a dit l'ONU dans un communiqué.

D'après les estimations, plus d'un million de mines ont été disséminées dans la zone frontalière entre les deux Corées, dont un grand nombre ont été larguées par l'aviation dans les années 1960, au plus fort de la guerre froide et de la confrontation avec le Nord.

Cet incident survient à un moment délicat: les deux Corées se préparent à célébrer samedi le 70ème anniversaire de la libération en 1945 de la péninsule coréenne du joug japonais.

Certains avaient émis l'espoir que cet anniversaire soit l'occasion d'un rapprochement mais les efforts effectués pour organiser des cérémonies conjointes ont fait long feu. La Corée du Nord refuse d'envisager des pourparlers tant que Séoul n'annule pas ses exercices militaires annuels avec les États-Unis.

En dépit de son nom, la DMZ est fortement militarisée. Il s'agit d'une bande de terre de quatre kilomètres de large et de 248 km de long, parsemée de barrières électrifiées, de champs de mines et de murs antichars. La ligne de démarcation militaire qui marque la frontière entre les deux États rivaux la traverse en son centre.