Le président birman a appelé jeudi à l'évacuation de certaines zones dans le delta de l'Irrawaddy où les digues menacent de lâcher sous la pression des rivières en crue, gonflées par les pluies diluviennes de ces derniers jours.

D'après le nouveau bilan des autorités, 74 personnes ont été tuées et plus de 330 000 touchées par les inondations, résultat des fortes pluies de mousson et du cyclone Komen. Douze des 14 régions de la Birmanie sont maintenant concernées.

Des villages entiers, des routes, des milliers d'hectares de champs sont sous les eaux et beaucoup d'habitants ont trouvé refuge dans des monastères ou des écoles.

D'après les secours, l'eau a commencé à refluer dans le nord et l'ouest du pays, les zones les plus touchées, ce qui a permis d'approvisionner les populations en nourriture. Mais des glissements de terrain sont toujours à craindre.

Le centre et le sud se préparent maintenant aux inondations et dans un message diffusé à la radio jeudi, le président Thein Sein a déclaré que dans les zones proches du fleuve Irrawaddy, il y avait un risque de voir la rivière monter «au-dessus du niveau de danger».

«Comme nous ne pouvons pas empêcher les catastrophes naturelles, je demande instamment à nos concitoyens de se déplacer vers des lieux plus sûrs», a-t-il dit, ajoutant que les zones d'Hinthada et de Nyaung Don, situées le long de la rivière, étaient en danger immédiat.

«Nous ne dormons pas la nuit, nous regardons les digues et espérons qu'elles ne se rompent pas», explique Tun Tun, un habitant du village de Nyaung Don, les yeux fixés sur les eaux montantes.

Dans la ville principale de Hinthada, l'armée était à pied d'oeuvre jeudi pour aider la population à mettre à l'abri les biens dans les maisons et pour renforcer les digues à l'aide de sacs de sable, a constaté une journaliste de l'AFP. Dans les villages, de l'autre côté, l'eau atteignait déjà le toit des maisons.

«Je n'ai jamais vu ça. Chaque année, la rivière nous inonde un peu, mais pas comme ça», déplore auprès de l'AFP, Than Naing, un habitant de la zone. «Mes parents qui ont environ 70 ans n'ont jamais vu cela non plus», ajoute-t-il.

En État Rakhine, où des milliers de musulmans Rohingyas vivent dans des camps, «les mares ont été contaminées» entraînant un manque d'eau potable selon Jean-Yves Clémenzo, porte-parole de la Croix-Rouge internationale en Birmanie.

Les ONG redoutent aussi de gros problèmes de nourriture dans les semaines qui viennent puisque plus d'un million d'acres de terres agricoles (environ 400.000 hectares) ont été inondés, dévastant les cultures de riz, base de l'alimentation et que les pluies vont se poursuivre.

À l'approche des élections législatives, la gestion de la crise a pris une dimension politique, gouvernement et opposition tenant à prouver qu'ils réagissent rapidement. En 2008, la junte birmane qui dirigeait le pays avait été accusée de négligence et d'indifférence lors de sa gestion du cyclone Nargis, qui avait fait près de 140 000 tués ou disparus.

Dans une vidéo postée sur sa page Facebook, Aung San Suu Kyi a averti des dangers d'une utilisation politique des événements avant des élections législatives cruciales prévues en novembre.