Les autorités chinoises se sont félicitées lundi de leurs «prodigieuses réalisations» en matière de droits de l'homme, notamment le système judiciaire et la liberté d'expression, autant de domaines qui valent à Pékin de régulières volées de bois vert.

«Les prodigieuses réalisations de la Chine dans son entreprise sur les droits de l'homme démontrent pleinement qu'elle a pris la voie correcte du développement des droits de l'homme qui convient à ses conditions nationales», écrivent les auteurs d'un «livre blanc» officiel sur le sujet rendu public lundi.

«Progrès dans les droits de l'homme en Chine en 2014» a été commandité par le bureau à l'information du Conseil d'État (gouvernement). C'est le 12e rapport du même type depuis le premier paru en 1991, deux ans après la tragédie de la place Tian'anmen. Le dernier était sorti en 2013.

Cet exercice de communication, en forme de plaidoyer pro domo, est destiné à contrer les divers rapports d'ONG étrangères et celui, annuel, du département d'État américain, généralement très sévères à l'égard de la situation des droits de l'homme en Chine depuis l'arrivée au pouvoir du président Xi Jinping en 2012.

Le Parti communiste chinois (PCC) défend traditionnellement une approche «collective» des droits de l'homme opposée à celle, jugée «individualiste», des pays occidentaux, où prime le respect de l'individu.

La Banque mondiale ou le Fonds monétaire international ont souvent loué la Chine pour son décollage économique qui a permis à des centaines de millions de Chinois de sortir de la pauvreté, grâce à des réformes économiques accordant une large place au capitalisme.

Mais les organisations de défense des droits de l'homme ont multiplié les rapports dénonçant l'emprisonnement ces deux dernières années de nombreux journalistes, avocats ou universitaires, l'aggravation de la censure ou le recours à la torture pour arracher des aveux.

Dans ce domaine, le rapport officiel pour 2014 assure que 116 553 arrestations et 23 269 poursuites judiciaires ont été annulées par les tribunaux, qui ont également rejeté les aveux obtenus «illégalement» de 406 personnes.

Introduit l'an dernier, le recours à la vidéo durant les interrogatoires, une pratique sujette à manipulations selon les critiques, est également cité.

Le rapport, d'une quarantaine de pages, se nourrit d'une avalanche de chiffres, tous présentés de nature positive.

Il rappelle ainsi la création de plus de 13 millions de nouveaux emplois en 2014, la hausse de 6,4 % du revenu par tête dans les villes et de 9,2 % dans les campagnes, ou encore l'arrivée de la télévision d'État, seule autorisée, jusque dans les villages de plus de 20 foyers.

La campagne anticorruption du président Xi est citée avec quelque 12 000 personnes remises à la justice pour 226 000 cas de corruption recensés, grâce notamment à 2,72 millions de dénonciations.

La liberté d'expression n'est abordée que sous l'angle du nombre de publications et des statistiques sur l'usage d'internet et des réseaux sociaux, sans aucune allusion au travail de l'énorme appareil de la censure chinoise.