Le mercure a atteint 48 °C au cours des derniers jours, dans le sud de l'Inde. La canicule, l'une des plus graves des dernières années, a fait plus d'un millier de morts jusqu'à maintenant. Et elle est loin d'être terminée. Voici quatre mots pour comprendre.

État d'alerte

Les autorités indiennes ont indiqué hier que la canicule avait fait plus de 1100 morts jusqu'à maintenant, dont près de 900 dans le seul État de l'Andhra Pradesh. C'est le double du nombre de morts tués par la chaleur l'an dernier. Les hôpitaux ont été placés en état d'alerte pour traiter les coups de chaleur et des points de distribution d'eau ont été mis sur pied. Les victimes se comptent principalement chez les ouvriers de la construction, les personnes âgées et les sans-abri qui ne peuvent se réfugier au frais, à l'intérieur. La forte demande en électricité engendrée par les appareils de climatisation a d'ailleurs provoqué des pénuries dans la région de New Delhi, où les pannes peuvent durer jusqu'à 10 heures par jour.

Mousson

Une vague de chaleur précède toujours la mousson, en Inde, mais celle de cette année atteint des proportions exceptionnelles depuis deux semaines. Le sud du pays est le plus touché, comme l'État de l'Andhra Pradesh, où le thermomètre a grimpé à 48 °C, mais le nord n'est pas en reste, alors que le mercure oscille autour de 45 °C à New Delhi. «C'est 8 à 10 degrés de plus» que d'habitude, estime le climatologue principal d'Environnement Canada, David Phillips, ajoutant que c'est la combinaison de ces températures à des taux d'humidité «presque impossibles» qui rend la canicule «si oppressante». Les premières pluies de la mousson sont attendues mardi, dans le sud de l'Inde, ce qui «rafraîchira» les températures autour de... «34 ou 35 degrés» ! Le reste du pays, lui, devra patienter quelques semaines de plus.

Ombre

Les autorités indiennes recommandent à la population d'éviter de sortir à l'extérieur. «Quand on mesure la température, c'est à l'ombre», rappelle David Phillips. «En allant au soleil, vous pouvez ajouter cinq, six ou sept degrés. C'est un stress énorme pour le corps humain!» De telles températures ne posent pourtant pas toujours les mêmes problèmes. Un record de 45 °C a été enregistré en Saskatchewan en 1937, rappelle M. Phillips, mais il s'agissait d'une «chaleur sèche», comme en connaissent les régions désertiques, où la température redescend la nuit, donnant ainsi un répit au corps humain. En Inde, les températures très chaudes combinées au taux d'humidité élevé ne permettent tout simplement pas au corps d'évacuer la chaleur, ce qui cause un «stress thermique» qui peut s'avérer fatal.

El Niño

La canicule qui sévit en Inde pourrait être «exacerbée» par le phénomène El Niño, qui ne s'était pas manifesté depuis 2010, affirme David Phillips. Ce courant chaud du Pacifique est passé à la mi-mai de faible à modéré, selon l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique. Or, cette vague de chaleur plus intense n'est pas le présage d'une mousson plus intense, prévient le climatologue. Au contraire, El Niño «tend à produire une mousson plus faible», avec des précipitations moins importantes et plus tardives, ce qui n'est pas une bonne nouvelle pour les agriculteurs. Mais il y en aura bel et bien une. «C'est comme l'hiver au Canada, il peut être doux ou rude», mais il y en a toujours un.