Le dalaï-lama a appelé Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix comme lui, à agir davantage pour venir en aide aux Rohingyas, minorité musulmane persécutée de Birmanie.

Aung San Suu Kyi est restée muette sur la crise des migrants, qui a vu des milliers de Rohingyas fuyant les persécutions en Birmanie et de Bangladais voulant échapper à la pauvreté être abandonnés en mer par leurs passeurs.

Certains expliquent ce silence par l'approche des législatives de fin 2015 et le souhait de ménager une opinion publique birmane traversée par un puissant courant nationaliste bouddhiste et antimusulman.

Le chef spirituel tibétain en exil en 2008 a estimé qu'elle devait prendre la parole sur le sujet, précisant lui avoir déjà demandé personnellement à deux reprises d'en faire plus, depuis les violences antimusulmanes meurtrières de 2012.

«C'est très triste. Dans le cas de la Birmanie, j'espère qu'Aung San Suu Kyi, en tant que prix Nobel, pourra faire quelque chose», a-t-il dit au journal The Australian dans son édition de jeudi.

Le dalaï-lama doit se rendre en Australie la semaine prochaine.

«Je l'ai rencontrée à deux reprises, la première fois à Londres puis en République tchèque. J'ai mentionné ce problème et elle m'a dit qu'elle éprouvait des difficultés, que les choses n'étaient pas simples, qu'elles étaient compliquées».

«Mais en dépit de tout ça, je crois qu'elle peut faire quelque chose», a-t-il ajouté.

La minorité apatride des Rohingyas, estimée à 1,3 million de personnes en Birmanie, n'a accès ni aux écoles, ni aux hôpitaux, ni au marché du travail. Ils sont considérés comme des immigrés bangladais même si nombre d'entre eux sont installés en Birmanie depuis des générations. Ils sont parmi les minorités les plus persécutées au monde, juge l'ONU.

Cela ne «suffit pas» de se demander comment aider les Rohingyas, a encore dit le dalaï-lama. «Il y a quelque chose qui cloche dans la façon de penser de l'humanité. Au bout du compte, nous manquons de compassion pour les autres, leur vie, leur bien-être».

La crise actuelle a éclaté début mai quand la Thaïlande a découvert dans la jungle des camps de migrants et des charniers.

C'est cette découverte qui a décidé Bangkok à sévir contre la traite, ce qui a désorganisé les filières. Des milliers de migrants, dont la destination finale est bien souvent la Malaisie, ont été abandonnés en mer.