Le Pakistan a organisé lundi à Islamabad sa première parade militaire nationale depuis plus de 7 ans, un défilé en grande pompe destiné notamment à montrer que le pays et sa puissante armée gardent le dessus sur les rebelles talibans.

Pour éviter tout attentat, les autorités avaient brouillé les réseaux de téléphonie mobile, fermé certaines routes et disséminé des renforts de sécurité à travers la capitale.

La dernière édition de cette parade, traditionnellement organisée le 23 mars, un jour férié, avait eu lieu en 2008, dernière année du régime militaire du général putschiste Pervez Musharraf.

Elle avait ensuite été annulée pour raisons de sécurité, alors que le pays était la cible d'une vague croissante d'attentats attribués aux rebelles du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), un allié d'Al-Qaïda.

L'armée estime avoir depuis largement affaibli le TTP par ses multiples offensives menées ces dernières années dans les zones tribales du nord-ouest, à la frontière de l'Afghanistan, dont celle toujours en cours dans le Waziristan du Nord, principal bastion des rebelles.

La parade, à laquelle assistaient le président pakistanais Mamnoon Hussain, le premier ministre Nawaz Sharif et le chef d'état-major des armées, le général Raheel Sharif, s'est déroulée sans incident.

Elle a mis en scène la puissance d'une armée qui selon nombre d'observateurs a pris ces derniers mois le dessus sur le gouvernement civil de M. Sharif, notamment pour les décisions stratégiques liées à la sécurité et à la politique étrangère.

Elle intervient trois mois après le massacre par un commando taliban de plus de 150 personnes, dont plus de 130 écoliers, dans une école de Peshawar (nord-ouest), l'attaque terroriste la plus meurtrière de l'histoire d'un pays pourtant régulièrement en conflit depuis sa naissance en 1947.

Le président Hussain a rendu hommage aux soldats qui combattent les rebelles, mais aussi aux «martyrs innocents» de l'attaque de Peshawar dont le «sacrifice a montré clairement à l'ennemi que cette nation ne peut être vaincue».

L'armée a fait défiler lors de cette parade diverses armes et unités, des missiles à capacité nucléaire au nouveau drone fait maison Burraq, en passant par une fanfare montée sur des chameaux, sous les acrobaties des chasseurs JF-17, fabriqués par le Pakistan en coopération avec son allié et voisin chinois.

Cette parade intervient également peu après la chaleureuse visite en janvier dernier du président américain Barack Obama dans l'Inde voisine, rival traditionnel du Pakistan, avec lequel les relations restent tendues.