Un double attentat revendiqué par les talibans pakistanais a fait au moins huit morts et une cinquantaine de blessés pendant la traditionnelle messe du dimanche dans un quartier chrétien de Lahore, la deuxième ville du Pakistan, ont annoncé les autorités.

Les explosions ont retenti en fin de matinée alors que de nombreux chrétiens assistaient à la messe dans le quartier pauvre de Youhanabad de Lahore, la capitale de la province du Pendjab (est), selon des témoins et des responsables.

Après les explosions, des centaines de chrétiens en colère ont lancé des roches sur des policiers, qu'ils accusent de ne pas les protéger, et frappé des voitures à coups de bâtons, pendant que d'autres pleuraient leurs proches sur le tapis de vitres fracassées, de sang et de chaussures orphelines.

La porte-parole de la police du Pendjab, Nabeela Ghazanfar, a fait état de huit morts, dont six chrétiens et de deux policiers en service, dans cette attaque, et évoqué le décès de deux autres personnes dans les heures qui ont suivi.

L'hôpital général de Lahore, où les victimes ont été transportées, a quant à lui reçu au moins dix dépouilles et une cinquantaine de blessés, a indiqué le Dr Mohammad Saeed Sohbin, le chef de cet établissement.

Dans un courriel transmis à l'AFP, un porte-parole des talibans pakistanais du TTP, Ehsanullah Ehsan, a aussitôt revendiqué des «attentats-suicides» contre une église de Lahore.

Les talibans pakistanais multiplient depuis 2007 les attaques contre les forces de sécurité pakistanaises, qu'ils accusent de soutenir la guerre américaine «contre la terreur», et les minorités religieuses du Pakistan, pays de près de 200 millions d'habitants majoritairement musulmans sunnites.

En septembre 2013, une faction talibane avait revendiqué un attentat similaire à la sortie de la messe du dimanche dans une église de Peshawar (nord-ouest). Cette attaque, la plus meurtrière de l'histoire du Pakistan contre la minorité chrétienne qui représente environ 2% de la population du pays, avait fait plus de 80 morts.

Cette attaque intervient quelques jours seulement après que des factions dissidentes des talibans ont annoncé leur regroupement au moment où les forces pakistanaises intensifient leurs raids contre des fiefs jihadistes dans les zones tribales du nord-ouest, près de la frontière afghane.

Dans un communiqué, le premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a condamné cette attaque dans son fief électoral de Lahore et ordonné aux autorités du Pendjab, province dont son frère Shahbaz est le ministre en chef, de protéger la population locale.