Le parti libéral australien se prononcera lundi pour ou contre le maintien en poste du premier ministre Tony Abbott, contesté au sein de sa majorité et en perte de vitesse dans les enquêtes d'opinion.

En fonctions depuis septembre 2013, Tony Abbott a convoqué les 102 parlementaires libéraux de la Chambre des représentants et du Sénat pour un vote à bulletins secrets lundi matin.

Il reprend ainsi le contrôle du calendrier aux frondeurs réunis autour d'une motion de défiance qu'ils souhaitaient présenter un peu plus tard dans la semaine. Si les frondeurs rallient à leur cause une majorité de députés, les postes de président et de vice-président du parti seront déclarés vacants.

«La dernière chose dont l'Australie a besoin actuellement est l'instabilité et l'incertitude», a tonné M. Abbott dimanche lors d'une conférence de presse.

«J'ai décidé que la meilleure option était de s'occuper de la motion de [destitution] le plus tôt possible pour passer à autre chose», a-t-il ajouté.

Affaibli, le chef de l'exécutif a néanmoins reçu le soutien d'un poids lourd de son gouvernement, son ministre des Télécommunications, Malcolm Turnbull.

Ce dernier, à la tête du parti Libéral jusqu'en 2009, serait le mieux placé pour lui succéder le cas échéant mais il a mis un terme aux spéculations sur ses intentions dimanche.

«Je suis au gouvernement, je soutiens le premier ministre», a-t-il assuré sans toutefois indiquer s'il serait candidat à la direction du parti en cas de destitution de Tony Abbott.

La vice-présidente du parti et ministre des Affaires étrangères Julia Bishop s'est montrée nettement plus sibylline dans ses déclarations. «Je discute avec mes collègues», a-t-elle simplement dit.

Selon un sondage publié dimanche par les journaux du groupe News Corporation, 55 % des Australiens sont favorables à un changement de premier ministre, 35 % y sont opposés et 10 % sont sans opinion.

Outre ses multiples revirements sur des réformes annoncées puis jetées aux oubliettes, M. Abbott paye le ralentissement de la croissance économique sur fond de crépuscule minier.

L'Australie a bâti sa prospérité des vingt dernières années sur l'exploitation de ses matières premières dont les pays émergents, Chine en tête, sont friands. Mais les cours se sont effondrés et la croissance chinoise marque le pas. Les recettes fiscales s'en ressentent et M. Abbott a dû couper dans les dépenses au risque de mécontenter des millions d'électeurs.