Le premier ministre australien Tony Abbott, sous le feu des critiques, y compris dans son propre camp, pour avoir décerné un titre honorifique à un membre de la royauté britannique, a déclaré lundi qu'il n'envisageait pas de démissionner malgré des sondages calamiteux et de mauvais résultats électoraux.

Cet ancien séminariste catholique et monarchiste fervent s'est attiré les foudres des critiques pour avoir fait chevalier de l'ordre d'Australie le prince Philip, époux nonagénaire de la reine Élisabeth II d'Angleterre.

Le premier ministre conservateur est devenu la risée des réseaux sociaux. L'opposition travailliste l'a taxé de passéisme. Plusieurs membres de la coalition au pouvoir dominée par le parti libéral (conservateur) ont déclaré trouver cette décision incompréhensible. Le chef du gouvernement a été accusé d'être éloigné des préoccupations des Australiens, au moment où le pays subit une cure d'austérité impopulaire et où beaucoup d'habitants voudraient couper les liens avec la monarchie britannique afin que le pays devienne une République.

Comme on lui demandait s'il envisageait de démissionner, Tony Abbott a répondu «non», avant de reconnaître qu'il en avait peut-être «fait un peu trop» avec l'affaire de l'ordre d'Australie. Mais «j'ai écouté, j'ai appris», a-t-il déclaré.

Le premier ministre a assuré qu'il était à sa place alors que la presse australienne rapporte que certains membres de son camp pourraient être tentés d'essayer de l'évincer.

«Laissez-moi vous le dire très clairement, nous avons été élus en 2013 parce que le peuple australien a rejeté le chaos», a martelé le premier ministre. «C'est le peuple qui embauche et au peuple qu'il revient de licencier».

La coalition libérale-nationale arrivée au pouvoir en septembre 2013 est aujourd'hui créditée de 46 % d'intentions de votes, contre 54 % à l'opposition travailliste, d'après un sondage Fairfax IPSOS publié lundi par le Sydney Morning Herald. Tony Abbott recueille 34 % d'opinions favorables contre 50 % au leader travailliste Bill Shorten, selon cette enquête réalisée auprès de 1400 personnes.

Ce sondage survient après un probable revers électoral dans l'État du Queensland lors d'élections législatives samedi. Les résultats définitifs ne sont pas encore connus, mais le Parti travailliste semble sur le point d'infliger une défaite à la coalition conservatrice.

«Je ne suis pas entré en politique pour être populaire», a commenté le premier ministre, qui a promis désormais d'exercer le pouvoir de manière plus collégiale.

Il a également déclaré qu'à l'avenir, il ne prendrait plus de décision en matière de titres honorifiques et que leurs titulaires seraient désignés par le seul Conseil de l'ordre d'Australie.