L'ambassadeur de Corée du Nord à l'ONU a demandé jeudi au Conseil des droits de l'homme de s'emparer des révélations sur le recours à la torture par la CIA et d'ouvrir une enquête indépendante.

«Ce matin», «j'ai envoyé une lettre au président du Conseil des droits de l'homme (...) demandant à ce que le Conseil s'empare de la question des crimes de torture de la CIA» et donc «commis par les États-Unis», a déclaré So Se Pyong, ambassadeur de Pyongyang à l'ONU à Genève.

Il a indiqué aux journalistes que son pays voulait qu'au cours de la session de mars, l'organe de l'ONU chargé des droits de l'homme examine officiellement la question des techniques utilisées pendant les interrogatoires par les États-Unis et rendues publiques dans un rapport du Sénat à la fin de l'année dernière.

Dans sa lettre, écrite dans un contexte de tensions ravivées avec Washington, So Se Pyong a également demandé la constitution d'une «commission d'enquête indépendante mandatée pour mener des investigations détaillées sur les crimes de torture de la CIA et demander aux responsables de rendre des comptes».

Le ministre nord-coréen des Affaires étrangères Ri Su-yong sera présent à la prochaine session, en mars, a-t-il précisé.

Le rapport publié en décembre par le Sénat américain, qui a provoqué une onde de choc dans le monde, décrit avec force détails comment des détenus ont été attachés pendant des jours dans le noir, plongés dans des bains glacés, ou encore privés de sommeil une semaine durant.

So Se Pyong a souligné le besoin d'une enquête de l'ONU, assurant que ce qui était dévoilé dans le rapport du Sénat n'était qu'«une petite partie de l'iceberg». Pyongyang avait déjà demandé en décembre au Conseil de sécurité de dénoncer les tortures de la CIA.

Cet appel intervient un jour après que la Corée du Nord a demandé à l'ONU d'annuler sa saisine de la Cour pénale internationale (CPI) à l'encontre de Pyongyang pour crimes contre l'humanité. Et ce à la suite des aveux d'un rescapé d'un camp de prisonniers nord-coréen selon lesquels certaines informations publiées dans son livre «Rescapé du camp 14», un best-seller qui raconte son histoire, étaient inexactes.

«La rétractation partielle de Shin Dong-hyuk, revenu sur son témoignage à la Commission d'enquête sur la Corée du Nord, n'est pas significative pour le rapport, les conclusions ou les recommandations de la commission», a toutefois déclaré Michael Kirby, le chef d'une commission d'enquête ad hoc des Nations unies.