La mère de sept des huit enfants retrouvés morts à Cairns, dans le nord-est de l'Australie, a été inculpée pour meurtres dimanche dans ce fait divers macabre qui suscite une émotion considérable à travers le pays.

Les corps avaient été retrouvés vendredi dans une maison d'un quartier verdoyant de Manoora, en banlieue de Cairns, la grande ville du nord-est tropical de l'Australie qui est le point de départ des touristes se rendant sur la Grande barrière de corail.

Il s'agit de sept enfants de la suspecte, trois filles âgées de deux, 11 et 12 ans ainsi que quatre garçons âgés de cinq, six, huit et neuf ans. La huitième victime est une nièce de la meurtrière présumée, une adolescente de 14 ans.

La famille appartient à la communauté des indigènes du détroit de Torrès, population autochtone originaire d'îles sur la côte de l'État du Queensland.

Selon la presse australienne, c'est un frère aîné de la fratrie, un jeune homme de 20 ans qui a découvert le drame. La mère de famille présentait des blessures à l'arme blanche et avait été évacuée de la maison sur un brancard.

Elle avait été hospitalisée et c'est à l'hôpital qu'elle a été inculpée pour les meurtres des huit enfants, selon un communiqué de la police de l'État du Queensland.

La police n'a pas révélé les causes de la mort des victimes. Plusieurs pistes sont à l'étude, y compris la possibilité que les enfants aient été suffoqués, a-t-elle expliqué.

«Nous envisageons la (suffocation) et c'est pour cela que ça prend du temps», a dit Bruno Asnicar, l'un des enquêteurs, à la presse.

La police avait déclaré auparavant que des couteaux avaient été retrouvés dans la maison du drame. Les autopsies sont toujours en cours, mais les résultats ne devraient pas être connus avant dimanche soir au plus tôt.

La famille «profondément bouleversée»

La police n'a pas rendu publique l'identité de la famille pour des raisons culturelles, le nom d'une personne décédée ne devant pas être révélé dans la culture indigène. Mais la mère a été largement identifiée par les médias australiens comme étant Mersane Warria.

Quelques jours à peine après la sanglante prise d'otages de Sydney qui a fait trois morts, dont deux otages, l'émotion était à son comble en Australie, où le premier ministre Tony Abbot a appelé les Australiens à la communion nationale en ces «jours difficiles».

Un mémorial improvisé a été dressé dans un parc situé près de la scène de crime, où bon nombre d'habitants ont apporté des fleurs, des bougies et des ours en peluche en mémoire des enfants. Des proches de la famille se sont rendus sur place pour se recueillir.

«C'est probablement l'événement le plus tragique que nous ayons eu à connaître», a déclaré Bruno Asnicar. «Ce sont des moments très durs, très émotionnels, pour tout le monde», a-t-il dit. «La famille est profondément bouleversée, mais la communauté tente de faire face».

Un homme présenté par le groupe de presse Fairfax Media comme le père de trois des enfants a crié sa douleur. «Mes bébés, mes bébés», pleurait-il.

Le père de la victime la plus âgée a également fait part de sa peine. «La dernière fois que je l'ai vue, elle m'a embrassé», a-t-il expliqué à Fairfax. «Elle m'a dit qu'elle m'aimait et m'a demandé 100 dollars australiens (66 euros). Je lui ai dit que je les lui donnerai samedi, le jour de son anniversaire. Ma fille, elle était belle», a-t-il ajouté.

Des cérémonies religieuses en mémoire des enfants ont été organisées à travers cette localité de 150 000 habitants.

Un couple de voisins a décrit le quartier comme étant difficile et marqué par l'alcoolisme et la violence.

Mais la police a estimé que ces difficultés n'étaient pas à l'origine du drame, ajoutant que la maison n'était pas «une maison à problèmes».

«Je ne vais pas essayer de prétendre que le quartier n'a pas connu des problèmes par le passé», a dit M. Asnicar. «Mais avec mon équipe, nous ne considérons pas cette question comme une piste pour l'enquête».