L'un des plus gros dangers à la centrale accidentée de Fukushima est désormais écarté avec le retrait achevé du combustible nucléaire de la piscine du réacteur numéro 4, un bon point pour Tepco dont le calvaire est cependant loin d'être terminé.

«C'est une avancée importante», s'est félicité samedi devant la presse le directeur de la centrale, Akira Ono, en s'empressant d'ajouter «le travail de démantèlement continue», sachant l'ampleur des tâches titanesques restantes.

Le succès de cette opération importante, qui a pris plus d'un an, est une excellente nouvelle et une surprise pour beaucoup qui n'imaginaient pas possible que Tokyo Electric Power (Tepco) mène cette tâche à bien sans au moins un pépin, compte tenu de précédents peu glorieux.

«Il y a eu cette fois un très gros travail de préparation», souligne anonymement un expert du secteur selon qui «Tepco avait pleinement conscience de l'importance du défi et du danger».

«Les dirigeants de la compagnie ont compris que la sûreté était la priorité», déclarait il y a quelques mois à l'AFP l'ex-présidente de l'autorité nucléaire britannique, l'Américaine Barbara Judge, qui conseille Tepco.

«Le plan de retrait du combustible usé de la piscine du réacteur 4, la première grande étape dans le démantèlement de la centrale Fukushima Daiichi, en est le premier exemple. Il a été préparé simultanément sur le volet technique opérationnel, et sur celui de la sûreté», précisait-elle.

Quand a commencé cette extraction en novembre 2013, il y avait dans la piscine 1533 assemblages (deux avaient auparavant été enlevés pour des tests et examens), dont 1331 usés et 202 neufs.

Il y a quelques semaines, Tepco avait déjà déclaré que les exemplaires usés avaient été extraits, laissant alors seulement des neufs. Tous ont donc désormais été transférés en lieu plus sûr, un autre bassin de désactivation sur le site, à l'écart des réacteurs mis en péril par le tsunami du 11 mars 2011.

Les affres ne sont pas terminées

En réalisant sans incident l'extraction de ce combustible, Tepco a levé une menace importante: si la piscine avait subi une nouvelle catastrophe (à cause d'un séisme ou d'un tsunami), de nouveaux dégagements massifs de substances radioactives auraient pu se produire à cause de la difficulté (voire l'impossibilité) de refroidir ce combustible.

Pour procéder à l'extraction, Tepco a bâti une nouvelle couverture au-dessus du réacteur numéro 4 et installé un dispositif neuf de manipulation ainsi que procédé à la récupération des détritus tombés dans le bassin.

La même opération de transfert des assemblages un à un vers un caisson immergé pouvant en contenir 22, puis vers l'autre piscine d'entreposage, a été effectuée 71 fois, sans problème notable.

Il n'est jamais arrivé auparavant que de telles tâches soient réalisées dans un environnement accidenté où les techniciens doivent oeuvrer en combinaisons de protection et porter des masques intégraux pour se protéger de la radioactivité.

Il s'agissait en outre de la plus délicate opération depuis la stabilisation du site en décembre 2011, mais c'est cependant loin d'être la dernière ou la plus risquée.

Le combustible usé qui reste encore dans les piscines des réacteurs 1 à 3 devra lui aussi être extrait, des travaux encore plus difficiles, qui ne commenceront pas avant 2015/2016 au plus tôt pour le numéro 3 et 2017/2018 pour les deux autres.

Le coeur du réacteur 4 était vide au moment de l'accident, seule sa piscine contenait du combustible, mais pour les trois autres, le bassin de chacun était rempli de plus de 500 assemblages et leur coeur a été détruit, ce qui va rendre les opérations de nettoyage autrement plus longues et complexes.

La grande inconnue est comment récupérer le combustible fondu de ces coeurs de réacteurs 1 à 3 dont nul ne sait exactement où et dans quel état il se trouve, sans compter tous les problèmes intermédiaires dont celui du traitement de l'eau contaminée stockée dans plus d'un millier de réservoirs sur le site en permanence sous la menace de nouvelle catastrophe.

Tepco estime qu'il faudra au bas mot 40 ans pour le démantèlement.