Décrit comme «complètement cinglé», Man Haron Monis, 50 ans, l'auteur de la prise d'otages à Sydney, était en liberté conditionnelle, en attente d'un procès relativement au meurtre de sa femme. Portrait d'un homme instable.

Un homme en colère qui appuyait le groupe armé État islamique. Un militant au comportement imprévisible qui écrivait des lettres d'insultes aux familles des soldats australiens morts au combat. Un homme accusé d'agressions sexuelles en attente de son procès pour complicité dans le meurtre de sa femme.

Plusieurs aspects de la vie de Man Haron Monis, le preneur d'otages tué hier après un siège de 16 heures dans un café du centre-ville de Sydney, contribuent à former l'image d'un homme instable, obsédé par ce qu'il voyait comme des attaques sanguinaires des soldats occidentaux sur les populations musulmanes dans le monde.

Sur son compte Twitter, toujours accessible au moment de mettre sous presse, il critiquait régulièrement l'Occident et la démocratie.

«Honte à ces Australiens racistes et terroristes qui appuient le gouvernement des États-Unis et ses alliés», écrivait-il le 9 décembre.

Monis était très actif sur sa page Facebook, qui a été désactivée hier. Avant d'être fermée, sa page avait 14 725 mentions «J'aime», selon le Sydney Morning Herald.

L'homme partageait également des vidéos des victimes civiles des combats en Afghanistan sur YouTube. Durant la prise d'otages au Café Lindt, Monis a filmé des otages qui devaient lire un texte déclarant que «ceci est une attaque contre l'Australie par le groupe État islamique». Les médias locaux ayant refusé de relayer ces vidéos, Monis les a diffusées sur YouTube, hier, d'où elles ont rapidement été retirées.

Monis, qui se décrivait comme un «imam», a été accusé l'an dernier de complicité dans le meurtre de son ex-femme. En novembre 2013, le corps brûlé de Noleen Hayson Pal, 30 ans, l'ex-femme de Monis, a été découvert dans la cage d'escalier d'un édifice d'habitation dans l'ouest de Sydney. La petite amie de Monis, Amirah Droudis, a été accusée du meurtre, alors que Monis a été accusé d'avoir joué un rôle avant et après le meurtre.

En avril, plus de 50 chefs d'accusation pour des agressions sexuelles ont été déposés contre Man Haron Monis. Les faits reprochés seraient survenus il y a une décennie, alors que Monis offrait ses services de «guérisseur spirituel» à Sydney. Il devait comparaître en cour le 27 février 2015 pour faire face à ces accusations.

L'homme estimait faire l'objet «d'attaques constantes» de la part du gouvernement australien, qu'il vilipendait dans ses diatribes publiées sur le Net. Il s'est aussi comparé à Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, qui, disait-il, était lui aussi accusé d'agression sexuelle «pour des motifs politiques». En novembre, il avait indiqué sur son site internet son allégeance au groupe État islamique.

Monis, qui se faisait aussi appeler Sheikh Haron et Mohammad Hassan Manteghi, a grandi en Iran avant de recevoir l'asile politique en Australie en 1996. De confession chiite, il s'est radicalisé au cours des dernières années.

En 2013, il a plaidé coupable à 12 accusations liées à l'envoi de lettres d'insultes à des familles de soldats australiens tués en Afghanistan. Il avait alors reçu une peine de 300 heures de travaux communautaires.

Hier, le chef de bureau du New York Times à Téhéran, Thomas Erdbrink, a écrit sur Twitter: «Un ancien camarade de classe de [Monis] me dit qu'il n'a jamais rencontré une personne plus dérangée dans toute sa vie. «Complètement cinglé.»