Le premier ministre australien conservateur Tony Abbott, ancien séminariste, a juré vendredi de «suer sang et eau» pour la reconnaissance de la communauté aborigène dans la Constitution en vertu d'une réforme devant être soumise à référendum en 2017.

Rédigée il y a plus d'un siècle, la Constitution australienne ne reconnaît pas les Aborigènes comme les premiers habitants de l'île.

Les parlementaires australiens leur ont formellement accordé ce statut historique l'an dernier, cinq ans après les excuses de l'État fédéral pour les crimes du passé perpétrés contre cette minorité autochtone qui a enduré stigmates et discrimination pendant des décennies suivant l'arrivée des colons européens à la fin du 18e siècle.

«Je suis un fervent partisan de la reconnaissance constitutionnelle» des aborigènes, a déclaré M. Abbott au cours d'un dîner jeudi soir à Sydney.

«Je suis prêt à suer sang et eau pour cela. C'est au moins aussi important que toutes les causes embrassées par ce gouvernement», a-t-il dit.

M. Abbott n'a pas fixé d'échéance définitive, mais indiqué qu'un référendum pourrait se tenir le 27 mai 2017, jour du 50e anniversaire du référendum ayant autorisé le comptage des populations indigènes dans le recensement national.

Lors de l'arrivée des colons européens en Australie en 1788, les aborigènes étaient environ un million. Ils ne représentent plus aujourd'hui que 470 000 des 23 millions d'habitants du pays où ils forment le groupe démographique le plus défavorisé.

Mortalité infantile, échec scolaire, chômage, dépendances, criminalité : les aborigènes sont les laissés-pour-compte de la prospérité australienne.

Une enquête publiée début décembre a montré que les aborigènes étaient surreprésentés dans les prisons et dans les statistiques sur le décrochage scolaire.

Le taux de réincarcération des Aborigènes est ainsi de 58 % dans les 10 ans suivant la sortie de prison, alors que seuls 46,5 % des jeunes restent à l'école secondaire de la première à la dernière année.

Critiqué sur sa gauche pour son opposition au mariage homosexuel ou ses positions tranchées sur le réchauffement climatique qu'il a qualifié de «connerie», Tony Abbott s'est illustré par son engagement bénévole auprès des communautés aborigènes avant de devenir premier ministre.

Après la victoire de son parti aux législatives de septembre 2013, le dirigeant conservateur avait dit vouloir être «le premier ministre des Affaires aborigènes» et s'était engagé à passer une semaine par an dans un village indigène.

Un an plus tard, il a provisoirement installé son bureau sous une tente, près de Nhulunbuy, dans l'extrême nord du pays, à huit heures de vol de Canberra.

Une majorité (60 %) d'Australiens soutient la réforme constitutionnelle, mais le premier ministre a expliqué vouloir prendre le temps de la conviction pour éviter un échec référendaire.