Hong Kong a retrouvé vendredi son fonctionnement habituel avec un flux ininterrompu de véhicules en son coeur après l'évacuation des manifestants prodémocratie qui clôt un «chapitre extraordinaire de son Histoire» et signe, selon la presse chinoise, la «défaite» de la «Révolte des parapluies».

Après 11 semaines de blocages et de manifestations dans des quartiers de bureaux et de commerces et sur des grands axes urbains, la police a démantelé jeudi le principal campement du mouvement qui coupait une autoroute urbaine reliant l'est à l'ouest de l'île de Hong Kong, interpellant plus de 200 manifestants.

Cette opération menée sans violences par des centaines de policiers dans le quartier d'affaires d'Admiralty, près du siège du gouvernement, tourne une page de la plus grave crise politique qu'ait connue Hong Kong depuis son retour en 1997 dans le giron de la Chine après 155 ans de présence britannique.

Le South China Morning Post, quotidien anglophone de référence de Hong Kong, évoquait vendredi «un chapitre extraordinaire dans l'Histoire» du territoire témoignant d'un «mécontentement massif de la population à l'égard du pouvoir» tant en termes de réforme politique que de détresse sociale dans une ville de 7,2 millions d'habitants, dont un sur cinq vit sous le seuil de pauvreté.

À l'image du China Daily, la presse chinoise au contraire se félicitait de «la défaite de la 'révolution des parapluies'».

«Le mouvement Occupy a causé un grand dommage» à Hong Kong, écrit le journal, en «sapant les convictions ancrées sur le respect de l'autorité de la loi».

Les protestataires, dont une majorité d'étudiants et de jeunes travailleurs, réclament l'instauration d'un véritable suffrage universel et contestent la pré-sélection par Pékin des candidats au poste de chef de l'exécutif local.

Éveil d'une conscience politique

Les autorités chinoises n'ont fait aucune concession sur le fond de leurs revendications et les spécialistes sont d'avis que toute réforme ne se fera qu'à la marge. «Sur les questions de principe, le gouvernement central ne fera jamais de concessions», a répété le China Daily.

De leur côté les manifestants estiment au contraire avoir bouleversé les équilibres politiques à Hong Kong et posé les bases d'un mouvement durable qui aura marqué toute une génération.

«L'éveil de la conscience politique de la jeunesse est irréversible et le combat continue», assurait jeudi soir à l'AFP la députée Claudia Mo tandis que Martin Lee, grande figure du mouvement, exaltait «un feu qui couve au coeur de chaque étudiant, le feu de la démocratie» qui «ne pourra être éteint par une main de fer».

Certains cependant ne cachaient pas leur amertume face à l'échec au moins provisoire des manifestations, qui bénéficiaient d'un fort soutien de la population, mais ont fini par lasser les habitants obligés de passer des heures dans les transports en commun.

«Je suis complètement déprimé», confiait Kim Lo, 34 ans, qui travaille dans l'immobilier. «Il faut maintenant que nous réfléchissions à ce que nous voulons. Je ne crois pas que nous devrions retourner dans la rue pour le moment».

Benny Tai, le chef de file du groupe Occupy Central qui le premier avait lancé l'idée d'occuper des quartiers stratégiques, rejetait lui aussi la perspective d'un sit-in dans un proche avenir.

«Il y aura de nouvelles actions de résistance», a-t-il dit.