La Corée du Nord, accusée par les Nations unies de graves violations des droits de l'Homme, a appelé mercredi le Conseil de sécurité à condamner les États-Unis après la publication d'un rapport accablant sur l'usage de la torture par la CIA.

Les révélations de ce rapport du Sénat américain sur les sévices infligés à des dizaines de détenus liés à Al-Qaïda constituent un véritable test de crédibilité pour le Conseil de sécurité, estime le régime nord-coréen.

Le Conseil confirmerait son «rôle méprisable» d'«instrument des pratiques arbitraires des États-Unis» s'il débattait des droits de l'Homme en Corée du Nord tout en «fermant les yeux» sur les agissements de l'un de ses membres permanents, selon le ministère nord-coréen des Affaires étrangères.

Un porte-parole du ministère a évoqué «la torture inhumaine pratiquée par la CIA» mais aussi les cas récents de Noirs désarmés abattus par des policiers blancs.

«Si le Conseil de sécurité veut débattre des droits de l'Homme, il devrait (...) s'intéresser aux nombreuses violations des droits de l'Homme aux États-Unis», a-t-il dit, cité par l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA.

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit examiner en décembre la situation des droits de l'Homme en Corée du Nord après l'adoption le mois dernier à l'Assemblée générale de l'ONU d'une résolution demandant au Conseil de saisir la Cour pénale internationale (CPI).

La résolution, non contraignante, est largement fondée sur un rapport de l'ONU publié en février, qui concluait après une longue enquête sur les violations des droits de l'Homme en Corée du Nord à des exactions «sans égal dans le monde contemporain».

Pyongyang avait réagi en brandissant la menace d'un nouvel essai nucléaire.

La résolution doit être étudiée en décembre par l'Assemblée générale en séance plénière mais il est très improbable que le Conseil donne suite et dénonce le régime de Pyongyang à la CPI.

Selon des diplomates du Conseil, la Chine, principale alliée de Pyongyang, et la Russie s'y opposeront certainement. Membres permanents du Conseil, Pékin et Moscou ont un droit de veto sur ses décisions.