Le président chinois Xi Jinping a suggéré que la presse américaine était responsable du refus de Pékin de lui accorder des visas, après avoir été inhabituellement confronté mercredi lors d'une conférence de presse avec Barack Obama à une question d'un journaliste américain non soumise à approbation au préalable.

Très chatouilleuses quand il s'agit de la couverture de leurs dirigeants, les autorités communistes maintiennent un strict contrôle sur l'information dans ce domaine et évitent le plus souvent la retransmission en direct à la télévision chinoise des conférences de presse. Celle avec le président américain n'a pas échappé à la règle.

Le président Xi Jinping n'est pas un familier des journalistes, autorisés une fois l'an seulement à adresser au président chinois des questions soumises à l'avance.

Mais la Maison-Blanche avait bataillé ferme pour que mercredi, dernier jour de la visite du président Obama, la presse ait le droit de poser des questions. Les autorités chinoises en ont finalement accepté deux, l'une pour la presse chinoise, l'autre pour la presse américaine.

Celle-ci est allée au New York Times, quotidien qui avait publié en 2012 une enquête détaillée sur la fortune des proches du premier ministre chinois d'alors, M. Wen Jiabao. L'agence Bloomberg en a fait de même cette année à propos de la famille du président Xi Jinping. Du coup, l'accès aux sites internet de ces deux organes de presse est bloqué en Chine et les visas demandés pour le renouvellement de leurs correspondants n'ont pas été accordés.

Deux jours après un accord entre MM. Obama et Xi sur une extension des visas octroyés aux touristes, hommes d'affaires et étudiants des deux pays, le reporter du New York Times a demandé au président chinois: «N'est-il pas temps d'étendre ce type de droit aux correspondants étrangers qui souhaitent couvrir votre pays?»

M. Xi a semblé d'abord ignorer totalement la question, avant de demander aux journalistes chinois de poser la leur. Au terme de sa réponse, il a toutefois adressé un avertissement déguisé à la presse étrangère, la prévenant qu'elle «devait obéir aux lois et règlements chinois».

«Quand une voiture tombe en panne sur la route, il faut peut-être descendre du véhicule pour voir où est le problème. Il doit bien y avoir une raison», a-t-il ajouté.

«En Chine, nous avons un adage: "La partie à l'origine des problèmes est celle qui doit aider à les résoudre"», a-t-il poursuivi, fournissant ainsi le commentaire le plus direct d'un dirigeant chinois sur le problème.

Depuis deux ans, trois journalistes du New York Times sont privés d'autorisation de travailler en Chine, une situation que le Club des correspondants étrangers en Chine (FCCC) a jugé «très en deçà des normes internationales», équivalent à une «punition» du journal américain.