La Corée du Nord a promis au Japon d'«approfondir» l'enquête concernant le sort des Japonais kidnappés en pleine Guerre froide, a annoncé jeudi soir le premier ministre japonais au retour d'une mission nippone de quatre jours à Pyongyang.

La partie nord-coréenne a «assuré qu'elle allait approfondir l'enquête sur de nouvelles bases indépendamment des investigations passées», a déclaré Shinzo Abe, dont les propos étaient rapportés par l'agence japonaise Kyodo.

Une délégation japonaise était partie lundi dernier pour Pyongyang à l'invitation du régime nord-coréen pour obtenir des informations sur l'avancement de l'enquête, un sujet ultra-sensible pour Tokyo.

Cette délégation d'une dizaine de personnes a passé quatre jours dans la capitale nord-coréenne, une première depuis dix ans.

«Notre intention est d'utiliser ce déplacement pour indiquer aux responsables nord-coréens que pour le Japon ce dossier est une priorité», avait déclaré le secrétaire général du gouvernement, Yoshihide Suga, au départ de la mission.

La Corée du Nord avait accepté fin mai dernier de rouvrir une enquête en échange de la levée de certaines sanctions par Tokyo, effective en juillet, mais n'a toujours pas présenté les informations réclamées par le gouvernement japonais.

Tokyo n'a jamais voulu classer l'affaire de ses ressortissants kidnappés dans les années 1970-1980 pour former les espions nord-coréens à la langue japonaise et aux coutumes du pays.

Au point que le Japon en fait une condition sine qua non pour une normalisation des relations avec la Corée du Nord, avec laquelle il n'entretient pas de relations diplomatiques.

Avant les récentes décisions (fin mai), Pyongyang considérait que la question des enlèvements - treize personnes selon la Corée du Nord - avait été résolue avec le retour au Japon de cinq d'entre elles et l'annonce que les huit autres étaient mortes.

Tokyo parle de son côté d'au moins 17 ressortissants, des dizaines de cas étant même parfois évoqués.

Mardi dernier l'enquêteur de l'ONU chargé de la Corée du Nord, Marzuki Darusman, a salué «les progrès» réalisés par ce pays en matière de droits de l'homme, mais le même compte néanmoins présenter un rapport appelant à poursuivre la Corée du Nord pour crimes de guerre.

L'Union européenne et le Japon doivent présenter cette semaine à l'Assemblée générale de l'ONU une résolution appelant à poursuivre la Corée du Nord pour crimes de guerre, en se fondant précisément sur le rapport de M. Darusman.