Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un n'a pas été vu en public depuis plus d'un mois et a brillé par son absence officielle au pèlerinage marquant vendredi l'anniversaire du parti au pouvoir, alimentant de plus belle les spéculations sur son sort.

Le nom du numéro un nord-coréen ne figurait pas sur la liste des dignitaires qui se sont rendus au mausolée où reposent à Pyongyang son père Kim Jong-il et son grand-père, Kim Il-sung, publiée par l'agence officielle KCNA.

Une gerbe de fleurs au nom du dirigeant du régime communiste a toutefois été présentée aux deux statues des deux Kim, au mausolée du palais Kumsusan, afin de célébrer le 69e anniversaire de la création du parti unique.

Le petit-fils de Kim Il-sung, fondateur du régime, qui serait âgé de 30 ou 31 ans, n'est pas apparu à la télévision d'État depuis le 3 septembre. En juillet, il avait été vu claudicant à l'occasion du 20e anniversaire de la mort de Kim Il-sung.

En raison de cette longue absence, les rumeurs vont bon train en Asie. Elles s'emballent d'autant plus que le pays est l'un des plus fermés et des plus secrets au monde.

D'aucuns évoquent divers problèmes de santé dont souffrirait le dirigeant nord-coréen, un gros fumeur qui a pris énormément de poids depuis un an : coup de fatigue, goutte, chevilles cassées, diabète, les hypothèses ne manquent pas. D'autres parlent même de coup d'État.

Souvent prompte à nourrir les spéculations dès qu'il s'agit de l'ennemi du Nord, la Corée du Sud refuse cette fois de participer au jeu, soulignant que rien n'indique que Kim Jong-un ne soit plus aux manettes. «Il y a des informations continues (dans les médias officiels nord-coréens) concernant (la poursuite) de l'exercice du pouvoir par Kim Jong-un», a dit à la presse le porte-parole du ministère de l'Unification Lim Byeong-chul. «Sur la foi de ces informations, il semble que Kim Jong-un dirige (le pays) normalement».

Un grave problème de santé?

Les grandes dates politiques sont légion en Corée du Nord, mais l'anniversaire du Parti des travailleurs coréens, parti unique d'inspiration léniniste, est particulièrement important. Kim Jong-un n'a pas manqué ce pèlerinage depuis qu'il a succédé en décembre 2011 à son père à la mort de celui-ci.

Hwang Pyong-so, vice-président nouvellement élu de la Commission nationale de défense et considéré comme le numéro deux du régime, était en revanche présent tout comme il faisait partie d'une délégation de haut rang qui a effectué une visite-surprise le week-end dernier en Corée du Sud.

Celle-ci avait assuré aux autorités sud-coréennes que Kim Jong-un n'avait aucun problème de santé. Les médias officiels avaient eux reconnu il y a quelque temps que le numéro un nord-coréen souffrait «d'indisposition».

L'hypothèse la plus en vogue est celle d'un problème de santé qui l'empêche temporairement d'assumer ses fonctions.

«Mon sentiment personnel est qu'il y a un problème de santé, mais pas sérieux», a dit Chung Yong-chul, professeur d'études nord-coréennes à l'Université Sogang de Séoul. Mais «s'il ne se montre pas vendredi, nous serions contraints d'envisager quelque chose de plus grave».

Pour Cheong Seong-chang, analyste à l'Institut Sejong, l'absence du numéro un est très vraisemblablement imputable à un souci de santé sans conséquence sur sa direction des affaires, au moins à court terme. «Mais s'il est contraint de s'absenter longtemps, l'élite politique pourrait tiquer et son contrôle s'en trouver affaibli», a-t-il dit.

Il arrive que l'homme fort de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le nom officiel de la Corée du Nord, échappe aux radars pendant plusieurs semaines. Mais Kim Jong-un a été omniprésent dans les médias officiels depuis son arrivée au pouvoir.

En attendant, pour le journal nord-coréen Rodong Sinmun, il symbolise la «dignité et l'invincibilité» du parti. «L'unité du parti, résistante comme l'acier, avec le leader en son centre, est source de puissance invincible», proclame en une vendredi un éditorial.