Les droits de l'homme et l'État de droit en Chine ne s'améliorent pas, voire empirent, sous la présidence de Xi Jinping, notamment à Hong Kong, a dénoncé jeudi une commission américaine qui appelle Barack Obama à interpeller son homologue chinois.

«Le gouvernement chinois et le parti communiste ont continué à exercer un contrôle autoritaire au détriment des droits de l'homme et de l'État de droit», affirme le rapport d'une commission mixte composée de 12 parlementaires et cinq responsables de l'administration américaine, créée en 2000 pour examiner la situation des droits de l'homme en Chine. Ses conclusions ne représentent pas la position officielle de Washington.

Pour le représentant républicain Chris Smith, coprésident de la commission, «le président Xi est devenu peut-être même pire que ses prédécesseurs en termes de droits de l'homme», a-t-il dit à des journalistes, en particulier pour les libertés religieuses.

La situation à Hong Kong, où des dizaines de milliers de personnes ont manifesté depuis fin septembre pour le droit de choisir les candidats à l'élection en 2017 du chef de l'exécutif local, fait l'objet d'un chapitre renforcé dans ce rapport annuel, habituellement très critique envers Pékin.

«Les actions du gouvernement central soulèvent des inquiétudes sur l'avenir des fragiles libertés et de l'État de droit qui distinguent Hong Kong de la Chine continentale et assurent la réputation financière et la prospérité de Hong Kong», affirme le rapport.

La commission recommande que des parlementaires et responsables de l'exécutif américains «aux plus hauts niveaux» multiplient déclarations et visites à Hong Kong pour y rencontrer des membres du conseil législatif et des organisations de journalistes.

Il est nécessaire que Barack Obama soulève la question en novembre lorsqu'il rencontrera Xi Jinping à Pékin en marge d'un sommet de l'Apec, le Forum de coopération économique Asie-Pacifique, a ajouté le sénateur démocrate Sherrod Brown, président de la commission.

Plusieurs autres développements inquiètent les membres de la commission: la répression contre des militants et avocats des droits de l'homme, la société civile, des journalistes chinois et étrangers; la censure exercée sur internet, notamment à l'approche du 25e anniversaire de Tiananmen en juin; les droits des minorités ouïghour et tibétaine.

Selon la commission, le parti communiste a encore réduit l'espace d'expression des dissidents, citant notamment les peines de prison prononcées contre les militants Xu Zhiyong, Liu Ping et Wei Zhongping, le harcèlement de l'avocat Pu Zhiqiang, et la condamnation à la prison à perpétuité de l'écrivain ouïghour Ilham Tohti pour séparatisme.

Le rapport s'interroge aussi sur l'impact réel de l'abolition des camps de rééducation par le travail, annoncée en décembre dernier, en s'inquiétant du recours à d'autres méthodes de détention arbitraire, comme «des centres d'éducation au droit».

La commission (Congressional-Executive Commission on China) maintient sur son site une base de données des prisonniers politiques ou religieux. Au 1er septembre, elle comptait 7689 dossiers, dont 1240 personnes actuellement en détention ou en prison (les autres dossiers concernent des prisonniers libérés, échappés, morts ou exécutés), un chiffre vraisemblablement inférieur à la réalité, selon elle.