Le chef de la junte thaïlandaise s'est interrogé mercredi sur la «sécurité» des touristes en bikini, deux jours après le meurtre de deux jeunes Britanniques retrouvés nus sur une plage du sud du pays.

Les corps de David Miller, 24 ans, et Hannah Witheridge, 23 ans, avaient été découverts lundi à l'aube sur une plage de Koh Tao, petite île d'ordinaire tranquille.

La police a interrogé plusieurs suspects, dont deux Britanniques qui auraient voyagé avec Miller et des travailleurs immigrés birmans, mais n'a pour l'instant annoncé aucune arrestation.

«Il y a toujours des problèmes avec la sécurité des touristes. Ils pensent que notre pays est magnifique et sûr et que donc ils peuvent faire ce qu'ils veulent et se promener partout en bikini», a déclaré lors d'un discours devant des fonctionnaires le général Prayut Chan-O-Cha, au pouvoir depuis le coup d'État de mai.

Mais «peuvent-elles être en sécurité en bikini (...) à moins de ne pas être jolies?», a-t-il ajouté.

Prayut, également premier ministre, est connu pour ses commentaires impromptus, mais ces déclarations semblent faire écho à d'autres faites la veille, lorsqu'il avait, tout en condamnant le crime de Koh Tao, semblé mettre en cause le «comportement» des victimes.

Les enquêteurs attendaient mercredi les résultats des analyses ADN d'un cheveu blond trouvé dans la main d'Hannah Witheridge et de traces de sperme.

«Les résultats sont attendus d'ici 24 heures», a souligné le chef de la police scientifique Pornchai Sutheerakhun après l'autopsie.

«La victime féminine a souffert de coupures à la tête (...) et l'homme a été battu (...), mais de l'eau retrouvée dans ses poumons suggère qu'il a pu mourir noyé», a-t-il ajouté.

Les blessures ont été infligées avec «un objet tranchant» et à coup de «pierre», a-t-il encore indiqué, précisant d'autre part que les mains de Miller portaient des signes de lutte.

Mercredi matin, Kiattipong Khawsamang, chef de la police de la province de Surat Thani, avait indiqué que le «principal suspect» était un homme apparemment asiatique apparu sur des images de caméras de surveillance près du bar où les deux victimes avaient fait la fête quelques heures avant leur mort.

Mais alors que cette affaire est marquée depuis le début par des déclarations contradictoires de divers responsables policiers, il a ensuite atténué ses propos, indiquant que plusieurs groupes faisaient toujours l'objet d'investigations, dont deux jeunes touristes britanniques empêchés de quitter le pays mardi soir au principal aéroport de Bangkok.

Mardi, le général Prayut avait appelé à une résolution rapide d'une affaire qui risque de peser encore un peu plus sur le secteur clé du tourisme après une année marquée par des mois de manifestations meurtrières et par le coup d'État de mai.

Alors que la Thaïlande a accueilli un record de 26,5 millions de visiteurs l'an dernier, la junte a promis de rétablir la réputation du «Pays du sourire», entamant un «nettoyage» des lieux les plus prisés des touristes étrangers après de nombreuses plaintes concernant des agressions et des arnaques en tous genres.

Koh Tao, dans le golfe de Thaïlande, est une destination prisée notamment des amateurs de plongée, mais l'île est moins populaire que sa voisine Koh Phangan, célèbre pour ses «Full Moon Party», synonymes de milliers de fêtards, d'alcool et de drogue.