La censure chinoise tolère relativement bien les critiques du gouvernement sur les réseaux sociaux. Mais elle censure impitoyablement les gazouillis et autres écrits appelant à une mobilisation sociale, qu'ils soient pour ou contre le gouvernement.

Telles sont les conclusions d'une nouvelle étude américaine qui a simulé 1200 billets sur 100 réseaux sociaux chinois. «Nous avons été assez surpris des résultats», explique Gary King, politologue à l'Université Harvard, qui est l'auteur principal de l'étude parue récemment dans la revue Science.

«Il semble possible de publier sur un réseau social les noms des maîtresses de dirigeants municipaux corrompus et les numéros de leurs comptes en banque. Mais pas de proposer une manifestation pour protester contre la corruption. Ni une manif pour appuyer le gouvernement dans sa lutte contre la corruption, d'ailleurs. Le gouvernement chinois a surtout peur des désordres de masse, pas de la critique.»

Les chercheurs de Harvard ont fait affaire avec des collègues chinois pour publier des gazouillis et des billets faisant référence à des événements de l'actualité, sur une période de deux ans. Contrairement aux États-Unis, où quelques grandes entreprises comme Facebook ou Twitter dominent les réseaux sociaux, en Chine, il y a une foule de petits médias sociaux.

M. King, un spécialiste de la recherche sociale quantitative, n'avait jamais écrit sur la Chine, ni sur la censure. «Nous sommes tombés sur le sujet par hasard. Nous avions mis sur pied un algorithme d'analyse de textes automatique et voulions vérifier s'il fonctionnait pour d'autres langues. Parmi nos vérifications, nous allions relire le billet d'origine sur le média social chinois. Nous avons constaté que plusieurs d'entre eux avaient été censurés depuis le moment où nous les avions téléchargés. Généralement, la censure se passe dans les heures suivant la publication. Ça a piqué notre curiosité.»

Les politologues de Harvard vont maintenant tester d'autres types de billets sur les médias sociaux. Mais ils ne veulent pas en dire plus, pour éviter que la censure ne change ses habitudes. -