Des Indiens de basse caste continuent d'être obligés de vider manuellement les excréments de toilettes en dépit d'une loi votée l'an dernier pour mettre fin à cette pratique discriminatoire, indique lundi l'ONG Human Rights Watch (HRW).

Dans toute l'Inde, ces personnes, reléguées au bas de l'échelle sociale, sont toujours employées pour vider quotidiennement les toilettes dans des conditions sanitaires déplorables, rapporte l'ONG qui s'est entretenue avec plus de 100 de ces travailleurs.

En outre, ces travailleurs sont exclus de toute autre forme d'emploi, certains étant l'objet de menaces et de harcèlement par des fonctionnaires locaux ou des habitants quand ils menacent d'abandonner ce «métier», ajoute HRW.

Il s'agit fréquemment de femmes contraintes de vider des toilettes sans chasse d'eau avec des outils rudimentaires, de placer les excréments dans des paniers en bambou et de les emporter sur des charrettes à bras pour les jeter.

Dans les zones rurales, elles ne reçoivent souvent que des restes de nourriture, de vieux habits et un accès à une portion de terrain au lieu de véritables salaires, le tout étant à la discrétion des foyers qui les exploitent, selon le rapport.

«Les tentatives des différents gouvernements indiens pour mettre fin au nettoyage des excréments, basé sur les castes, ont échoué en raison de discrimination et de complicités locales», estime Meenakshi Ganguly, directeur d'HRW pour l'Asie du Sud.

«Le gouvernement doit s'engager sérieusement dans l'application des lois interdisant le nettoyage manuel et dans le soutien aux communautés touchées», ajoute-t-il.

Une loi a été adoptée l'an dernier pour interdire cette pratique et fournir aux travailleurs et à leurs familles un emploi de substitution et une aide. Déjà en 1955 et 1993, le législateur avait voté une telle interdiction, sans parvenir à mettre fin à ce phénomène.

En outre, la constitution bannit toute discrimination basée sur la caste, en particulier envers les intouchables, placés en dehors du système des castes et considérés comme étant au bas de l'échelle sociale.

«Si je vais demander un emploi dans un hôtel, on me demande ma caste. Et une fois que j'ai dit que j'étais un Valmiki (une caste inférieure), ils ne me proposeront que de nettoyer les toilettes», a expliqué Bablu, un jeune de Bharatpur, dans l'État du Rajasthan, à HRW. «Je voudrais faire autre chose, mais je sais qu'existe cette discrimination, alors que puis-je faire?», dit-il.

L'ONG demande au gouvernement de travailler avec les communautés locales pour mettre sur pieds des programmes de soutien, en particulier d'aide financière et d'aide au logement.