Le bilan du séisme dans le sud-ouest de la Chine s'est alourdi à près de 600 morts, selon les autorités, qui demandaient mercredi au flot des secouristes volontaires de rester à l'écart des zones sinistrées, aux routes dangereusement engorgées.

Le tremblement de terre, de magnitude 6,1, qui a frappé dimanche une région montagneuse de la province du Yunnan, a fait au moins 589 morts et 2401 blessés, a indiqué mercredi le ministère chinois des Affaires civiles.

Ces chiffres marquaient une forte hausse par rapport au précédent bilan officiel, diffusé mardi, qui faisait état de 410 morts.

Plus de 80 000 maisons se sont effondrées complètement ou partiellement, a ajouté le ministère.

À Longtoushan, agglomération de quelque 50 000 habitants située à l'aplomb de l'épicentre et ravagée par la secousse, des secouristes s'activaient toujours pour extraire des corps des décombres.

Après la tombée de la nuit mardi, le corps sans vie d'un très jeune enfant a notamment été retiré des gravats sous les yeux de ses parents hurlant leur douleur.

Dortoirs effondrés

Environ 150 tentes de toile bleue ont été dressées à travers les rues de Longtoushan pour abriter les centaines de rescapés. Des mères endeuillées s'y consolaient mutuellement.

«J'ai perdu ma fille de 7 ans et mon fils de 10 ans. Je ne suis pas sûre que je puisse avoir à nouveau un foyer, maintenant que mes enfants ne sont plus là», soupire Yan Anqiao, 30 ans, les yeux fixés au sol.

«Ils étaient pour moi le monde entier, ils étaient tout», a-t-elle lâché.

Certains habitants étaient en proie à d'irrépressibles sanglots, tandis que des secouristes leur distribuaient des pains briochés.

Des bâtiments servant de dortoirs pour des écoliers et collégiens venus de zones rurales se sont affaissés à la suite de la secousse, ont par ailleurs indiqué des résidents à l'AFP.

Le séisme est survenu au milieu des vacances scolaires estivales, mais «j'ai peur de retourner à l'école, désormais», a confié à l'AFP Zheng Chuanchao, un lycéen de 17 ans.

«Un autre tremblement de terre pourrait faire s'écrouler les bâtiments d'enseignement. On se souvient tous de ce qui s'est passé au Sichuan», a-t-il poursuivi.

Des milliers d'enfants avaient été tués en 2008 dans le séisme dévastateur (plus de 80 000 morts) survenu dans la province voisine, qui avait fait s'effondrer de nombreuses écoles, construites de façon rudimentaire avec des matériaux de mauvaise qualité.

«Pas adaptés aux besoins»

Les 18 000 professionnels - surtout des pompiers et des militaires - mobilisés pour les secours voyaient cependant leurs efforts compliqués, en raison de glissements de terrain, d'éboulis... mais aussi d'embouteillages.

Sur les quelques routes menant vers les zones les plus affectées, l'engorgement était principalement dû à des voitures individuelles de «volontaires» ayant afflué spontanément pour apporter leur aide aux victimes du séisme.

Pang Chenmin, responsable du bureau des catastrophes naturelles au ministère des Affaires civiles, a exhorté le grand public de se tenir à l'écart de la région du séisme pendant 72 heures.

«Pour maximiser les chances de secourir des survivants, nous conseillons à tous les groupes de secouristes volontaires non professionnels de ne pas s'y rendre, afin de ne pas engorger le trafic», a-t-il expliqué, cité par l'agence officielle Chine nouvelle.

Ces derniers jours, de nombreux volontaires ont suivi à pied les chemins menant à Longtoushan - où certains ont dormi à la belle étoile, tandis que d'autres se sont disputés des places sous les tentes de fortune destinées aux rescapés.

D'autres volontaires, arrivés au volant de leur propre véhicule, transportaient diverses provisions destinées aux sinistrés... dont des litres de sodas.

«Certains de ces produits ne sont pas adaptés aux besoins ou sont de qualité médiocre, d'autres sont déjà en surabondance sur place. Tout cela accapare de précieux espaces de stockage et sature les voies de communication», s'est désolé M. Pang.

Une interdiction au passage des véhicules non officiels a été décrétée mercredi autour de Longtoushan, mais cela n'empêchait nullement les volontaires d'atteindre à pied leur destination.

Jiang Xingxing, 18 ans, a déclaré avoir marché durant trois à quatre heures aux côtés de 21 de ses collègues.

«Je n'ai pas vraiment de connaissance quelconque en matière de premiers secours ou d'assistance aux victimes, mais je voulais simplement venir pour aider les gens», a-t-elle expliqué, tandis que ses collègues prenaient en photo les reporters présents sur les lieux.