Le couple canadien accusé d'espionnage par le gouvernement chinois est fort probablement la victime de représailles à l'endroit du Canada. C'est du moins l'avis de Michel Juneau-Katsuya, expert dans les questions de sécurité nationale. Selon lui, ces accusations sont peu crédibles et ressemblent plutôt à de vieilles tactiques «dignes de la Guerre froide». Surtout, dit-il, que ces accusations surviennent une semaine après qu'Ottawa a accusé Pékin de cyberespionnage.

L'agence officielle Chine nouvelle a annoncé lundi que deux Canadiens, Kevin Garratt et Julia Dawn Garratt, font l'objet d'une enquête pour le vol présumé de secrets d'État concernant des programmes de recherche de l'armée et de la Défense nationale chinoise. Le couple tient actuellement un café à Dandong, localité située à la frontière de la Corée du Nord. Ils vivent en Chine depuis 1984.

«Le tout apparaît assez loufoque», affirme d'entrée de jeu Michel Juneau-Katsuya. L'expert explique que le Canada n'a pas de service de renseignement offensif et qu'il n'a aucune «prétention en Chine». Il est donc fort peu probable que le Canada ait des agents sur le terrain là-bas, signale-t-il.

L'ex-agent du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) note également que ces accusations surviennent une semaine après qu'Ottawa a accusé Pékin d'être responsable d'une tentative de piratage informatique auprès du Conseil national de recherche du Canada. Le gouvernement fédéral avait alors affirmé que l'intrusion avait été réalisée par un «acteur hautement perfectionné parrainé par l'État chinois».

Une couverture improbable

Kevin Garratt et sa femme sont-ils des espions? Selon Michel Juneau-Katsuya, cette couverture est peu crédible pour de potentiels espions. «Ils vivaient là-bas depuis 1984 et faisaient ouvertement état de leurs croyances religieuses. Ce n'est pas la meilleure façon de passer inaperçu en Chine.»

L'ancien agent du SCRS croit que la Chine cherche à intimider le Canada de façon à ce qu'Ottawa y pense deux fois avant de porter à nouveau des accusations contre Pékin.

Selon Benoit Hardy-Chartrand, spécialiste de la Chine et de la Corée du Nord, il est difficile pour l'instant de déterminer si ces accusations sont bien réelles ou sont plutôt de nature politique. 

- Avec l'Agence France-Presse