Un tribunal pakistanais a inculpé samedi cinq hommes, dont le père et deux frères de la victime, pour la lapidation d'une jeune femme enceinte qui s'était mariée sans l'accord de sa famille.

Le père, deux frères et un cousin figurent parmi les inculpés pour «meurtre, torture et terrorisme», a indiqué à l'AFP Mian Zulfiqar, un policier enquêtant sur l'affaire.

Des témoins ont été appelés pour enregistrer leurs dépositions lundi devant le tribunal, a-t-il ajouté.

Farzana Parveen, âgée de 25 ans, avait été battue à mort en mai dernier à coups de briques par une trentaine de personnes, dont de nombreux membres de sa famille, à l'entrée du tribunal de Lahore (est).

La victime avait déclenché la colère de sa famille en se mariant contre son avis avec l'homme qu'elle aimait et s'apprêtait, le jour de sa mort, à témoigner devant la justice contre ses proches qui avaient accusé son mari de l'avoir «kidnappée».

Le meurtre horrible de Mme Parveen, enceinte de trois mois et lapidée devant des policiers impassibles, avait suscité une vague d'indignation dans le pays et au plan international.

Les États-Unis avaient qualifié le crime d'«abominable» et le premier ministre pakistanais Nawaz Sharif avait exigé des mesures immédiates pour capturer les assassins.

Des centaines de femmes sont tuées chaque année au Pakistan par des proches qui prétendent ainsi défendre «l'honneur» de leurs familles.

Mais des lois dites du sang permettent à la famille de la victime de pardonner au meurtrier, ce qui rend difficile la poursuite en justice de ces affaires «d'honneur» car bien souvent le coupable est un proche.

Le mari de la victime, Mohammad Iqbal, avait reconnu pour sa part avoir étranglé sa première femme pour pouvoir épouser Farzana Parveen.

Il avait échappé à la prison grâce à ses propres fils qui avaient convaincu le reste de la famille de lui pardonner ce crime au nom des lois du sang.