Le chef de la junte militaire thaïlandaise a démenti vendredi avoir comploté de longue date avec l'opposition, tout en confirmant sa feuille de route des réformes qui vont dans le sens des demandes du dirigeant de la protestation.

«Ce n'est pas vrai», a déclaré le général Prayut Chan-O-Cha, vendredi soir lors de son intervention hebdomadaire à la télévision. «Je n'ai pas rejoint un mouvement ou pris parti pour l'un ou l'autre coté», a souligné le chef de la junte militaire, sans prononcer le nom de Suthep Thaugsuban.

Selon la presse locale, le bouillonnant meneur des manifestations ayant précédé le coup d'État du 22 mai avait assuré samedi dernier lors d'un dîner de gala qu'il était en pourparlers depuis 2010 avec le chef de la junte, le général Prayut Chan-O-Cha.

Le chef de la junte a d'autre part rappelé dans son intervention à la télévision vendredi, que les «discours politiques» et «collectes de fonds» sont interdits dans le cadre de la loi martiale en vigueur.

Peu après, Suthep a annoncé sur son compte Facebook qu'il annulerait dès samedi toute collecte de fonds pour son mouvement.

Deux hauts responsables des manifestations anti-gouvernementales contactées par l'AFP ont refusé de commenter.

Dès jeudi, un haut responsable militaire avait rejeté les affirmations de Suthep sur une planification de longue date du coup d'État.

«À ma connaissance, cela n'a pas été planifié. Parce que si cela avait été planifié, ce serait illégitime», a déclaré Chatchalerm Chalermsukh, général responsable de la supervision du système judiciaire, dans une interview à la BBC.

Le fait que le coup d'État se soit passé «en douceur», donnant l'impression d'une grande préparation, s'explique par le fait que l'armée était déjà présente à Bangkok, pour maintenir l'ordre, après sept mois de manifestations et de violences meurtrières, a-t-il dit.

Le régime militaire thaïlandais est sous le feu des critiques de Washington et Bruxelles pour avoir suspendu depuis un mois de nombreuses libertés civiles ainsi que la Constitution, au motif de rétablir l'ordre public et le «bonheur» du peuple.

Prayut a, d'autre part, détaillé vendredi sa feuille de route pour l'avenir politique de la Thaïlande, confirmant que la constitution provisoire entrera probablement en vigueur le mois prochain.

Une Assemblée nationale sera nommée en septembre pour choisir un nouveau Premier ministre, tandis qu'un Conseil de réforme composé de «sages» sera mis en place pour élaborer une nouvelle constitution définitive. Elle doit entrer en vigueur en juillet 2015 et des élections seront organisées environ trois mois plus tard, a ajouté Prayut.

Dès le début des manifestations de rue, Suthep, un ancien vice-premier ministre, a réclamé de vastes réformes pour «éradiquer le régime Thaksin» avant de nouvelles élections.

Or, le programme de la junte ressemble fort jusqu'ici aux revendications de Suthep, notent les analystes, pour casser la domination électorale du clan Shinawatra, qui a gagné tous les scrutins en Thaïlande depuis 2001.