La junte thaïlandaise mettra en place d'ici à septembre un gouvernement intérimaire pour superviser des réformes qui doivent mener à des élections dans au moins un an, a annoncé son chef vendredi.

Le général Prayut Chan-O-Cha, qui a pris le pouvoir par un coup d'État le 22 mai, n'a pas précisé si ce gouvernement serait composé de civils ou de militaires.

«Un nouveau gouvernement sera mis en place en août ou début septembre», a-t-il déclaré à des fonctionnaires lors d'un discours sur le budget 2015.

«Ne me demandez pas qui ils [les membres du gouvernement] sont ou d'où ils viennent», a-t-il ajouté. Il n'a pas exclu devenir premier ministre lui-même.

Depuis le putsch, l'armée a largement limité les libertés civiles en interdisant les manifestations, arrêtant des opposants au coup d'État, censurant les médias et maintenant temporairement en détention des centaines de personnalités politiques, journalistes ou universitaires.

Prayut a exclu des élections avant au moins un an, pour permettre de mettre en place d'ici là des réformes politiques, dont la rédaction d'une nouvelle Constitution, selon lui, nécessaires pour mettre un terme à des années de troubles politiques.

Depuis le précédent putsch qui avait chassé en 2006 l'ex-premier ministre Thaksin Shinawatra, la Thaïlande est engluée dans des crises à répétition faisant descendre tour à tour dans la rue les ennemis et les partisans de Thaksin.

Le milliardaire reste, malgré son exil, le facteur de division du pays entre d'un côté les masses populaires du nord et du nord-est qui lui sont reconnaissantes des politiques en faveur des plus pauvres, et de l'autre les élites de Bangkok gravitant autour du palais royal et soutenues par l'armée, qui le voient comme une menace pour la monarchie.

La junte a expliqué avoir pris le pouvoir le 22 mai pour restaurer l'ordre public après sept mois de manifestations contre le gouvernement de Yingluck Shinawatra, soeur de Thaksin. Ses détracteurs l'accusent d'avoir utilisé l'excuse de ce mouvement qui a fait 28 morts pour limiter l'influence de la famille Shinawatra.

Prayut a appelé vendredi les Thaïlandais à «être patients» avec lui. «Je sais que c'est une période de lune de miel en ce moment, mais j'espère que cela durera un peu plus longtemps».

Le couvre-feu levé dans tout le pays

La junte a également annoncé vendredi soir la levée du couvre-feu dans tout le pays, trois semaines après le coup d'État qui l'a menée au pouvoir.

Soulignant qu'il n'y avait «pas de signe de violence», la junte a levé le couvre-feu «partout immédiatement», pour «réduire l'impact sur la vie des gens et pour promouvoir le tourisme», selon un ordre lu à la télévision.

L'armée avait annoncé dès sa prise de pouvoir le 22 mai un couvre-feu de 22 h à 5 h, avant de le réduire quelques jours plus tard, de minuit à 4 h.

Pour tenter de faire revenir les touristes, la junte avait ensuite déjà levé complètement ce couvre-feu dans plusieurs stations balnéaires et îles du sud du pays, avant d'étendre la mesure à plusieurs autres provinces.

Mais il restait en place dans la majorité du pays, en particulier à Bangkok.

Le coup d'État avait entraîné une baisse du tourisme, secteur clé de l'économie du pays, en raison du couvre-feu et de mises en garde aux voyageurs émises par des dizaines de pays.

Le nombre de touristes a ainsi baissé de 10,6 % en mai, par rapport au même mois de l'an dernier, selon le ministère du Tourisme.

Le secteur avait déjà été frappé par les sept mois de crise politique et de manifestations meurtrières ayant précédé le coup d'État.