Le gouvernement du Bangladesh refuse de fermer les ateliers textiles jugés dangereux par les inspecteurs de sécurité indépendants en raison d'un différend avec eux sur la robustesse du béton utilisé dans les bâtiments, ont annoncé les autorités mardi.

Ces inspecteurs ont été embauchés dans le cadre d'une campagne de sécurité des usines textiles financée par les distributeurs occidentaux - appelée l'Accord - et décidée après l'effondrement du complexe du Rana Plaza qui a tué 1138 personnes l'an dernier en banlieue de Dacca.

L'Inspecteur général des usines du Bangladesh, Syed Ahmed, a annoncé que son service refusait depuis avril d'inspecter ou de fermer six usines employant des centaines de salariés jugées dangereuses par les inspecteurs.

«C'est une question délicate», a dit le haut fonctionnaire dont les services ont déjà fermé 14 usines sur recommandations des ingénieurs avant que ne survienne ce contentieux.

«Tant que la question de la force du béton n'est pas résolue, nous ne fermerons aucun atelier qui serait signalé par l'Accord», a-t-il ajouté auprès de l'AFP.

Les fermetures d'ateliers ont mis en colère le patronat textile du pays, très influent, et ont provoqué 10 000 pertes d'emplois, déclenchant violences et manifestations. Le Bangladesh est le deuxième exportateur mondial de textile.

La catastrophe du Rana Plaza a mis en exergue les conditions déplorables de sécurité existant dans les usines textiles du pays.

Le différend entre gouvernement et inspecteur porte sur la robustesse du béton dans les bâtiments construits avant 2005, les inspecteurs de l'Accord la jugeant nettement moindre que la principale université du pays qui conseille le gouvernement.

Le chef des inspecteurs de l'Accord, qui représente 150 distributeurs textiles européens, s'est dit «déçu» de la décision du Bangladesh.

«Nous sommes déçus que l'Inspecteur général ne ferme pas les usines dangereuses», a dit Brad Loewen, à l'AFP, précisant que des discussions étaient en cours avec la Bangladesh University of Engineering and Technology (BUET) sur la question du béton.

Selon un professeur du BUET, qui s'exprime sous couvert d'anonymat, si les recommandations des inspecteurs étaient acceptées, 40 % à 50 % des ateliers textiles devraient fermer.

«S'ils acceptent notre estimation, cela entrainera peut-être la fermeture de seulement 10 % des ateliers. Nous pensons avoir raison, car nous avons plus de données sur les usines», a-t-il ajouté.