Une Pakistanaise enceinte, lapidée à mort par sa famille pour avoir marié un homme sans son consentement, a été enterrée mercredi, avant l'aube, alors que la police recherchait toujours ceux qui ont participé à ce soi-disant «crime d'honneur».

Le père de la femme s'est rendu aux autorités peu après le meurtre, mardi. Il a avoué avoir tué sa fille parce qu'elle avait choisi l'homme qu'elle avait marié, défiant l'autorité familiale et les normes conservatrices de ce pays à majorité musulmane.

Farzana Parveen, âgée de 25 ans, a été enterrée en présence d'une centaine de personnes de la famille de son mari, vers 2h du matin, dans le cimetière d'un village de la province de Punjab, a rapporté son mari, Mohammed Iqbal.

La famille a choisi de l'enterrer de nuit en raison de l'état de son corps, meurtri par la lapidation, a-t-il expliqué.

La veille, Mme Parveen et son mari, âgé de 45 ans, s'étaient rendus à un tribunal de Lahore pour contester une plainte criminelle déposée par le père de la victime, Mohammed Azeem, qui accusait M. Iqbal d'avoir enlevé sa fille.

Le couple a été attaqué à l'approche du palais de justice.

«Nous nous aimions. Nous nous sommes mariés le 7 janvier 2014 et ma femme était enceinte de trois mois, a confié M. Iqbal en entrevue téléphonique. Ma femme voulait dire au tribunal que je ne l'avais pas kidnappée. Nous nous rendions au tribunal avec notre avocat Mustafa Kharal, et nous étions tout près lorsqu'une trentaine de personnes nous ont soudainement attaqués.»

Parmi les attaquants, il a reconnu le père de sa femme, deux frères de la victime et une femme.

«J'ai vu une jeune femme de sa famille la frapper. Quelques personnes me battaient aussi. J'ai essayé de lui sauver la vie, mais je n'ai pas réussi.»

Le Canada «consterné»

Réagissant par voie de communiqué, mercredi, le ministre des Affaires étrangères John Baird a affirmé que le Canada était «consterné» par cet événement. Selon certaines estimations, a-t-il écrit, plus de 800 femmes ont été victimes de crimes d'honneur en 2013.

«Il est inacceptable que le monde assiste impassible aux actes de brutalité et de barbarie qui visent les plus vulnérables. Le fait que ce crime ait été commis publiquement, devant la Haute Cour du Pakistan, est encore plus révoltant», a-t-il déclaré.

Il a encouragé le gouvernement du Pakistan à «respecter ses obligations internationales au chapitre des droits de la personne et (à) traduire les auteurs de ce crime en justice».

Les mariages arrangés sont la norme chez les Pakistanais conservateurs. Des centaines de femmes sont tuées chaque année par leur famille ou leur mari, en guise de représailles pour de présumés adultères ou d'autres comportements sexuels interdits. Les lapidations publiques sont toutefois extrêmement rares.