Le Pentagone a annoncé samedi l'annulation d'un exercice militaire actuellement en cours avec l'armée thaïlandaise et des visites prévues de responsables militaires aux États-Unis en raison du coup d'État à Bangkok.

«Si nous avons bénéficié d'une coopération militaire longue et productive avec la Thaïlande, nos propres principes démocratiques et la loi américaine nous imposent de reconsidérer l'assistance et les relations militaires» avec Bangkok, explique le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby, dans un communiqué.

Les manoeuvres annulées sont un exercice naval bilatéral dénommé CARAT qui impliquait trois navires américains, plusieurs centaines de soldats du corps des Marines et des marins côté américain. Il avait débuté lundi en Thaïlande et devait se terminer le 26 mai.

La visite prévue en juin en Thaïlande du commandant de la flotte américaine du Pacifique, l'amiral Harry Harris est annulée, de même que celle du chef des forces armées thaïlandaises prévue à Hawaï, ajoute le Pentagone.

«Il est important que l'armée thaïlandaise mette fin au coup d'État et revienne aux principes et procédures démocratiques, y compris par un chemin clair vers des élections», affirme le contre-amiral Kirby.

«Nous appelons les forces armées royales thaïlandaises à agir dans l'intérêt fondamental de leurs concitoyens en mettant fin à ce coup d'État et en rétablissant l'État de droit et les libertés», ajoute-t-il.

Le Pentagone «continuera de réexaminer» la coopération militaire avec Bangkok tant que l'État de droit ne sera pas rétabli.

Vendredi, le département d'État américain avait déjà annoncé la suspension de 3,5 millions de dollars d'aide militaire à Bangkok, soit à peu près le tiers de ce que donne Washington chaque année à la Thaïlande, avec qui les États-Unis sont liés par un traité de défense mutuelle.

Les États-Unis sont également en train de réfléchir à ce qu'ils vont faire du reste de leur aide à la Thaïlande, qui s'est élevée au total à 10,5 millions de dollars en 2013, selon une porte-parole du département d'État, Marie Harf.

En vertu de leur législation, les États-Unis sont obligés de suspendre leurs aides aux pays dans lesquels le gouvernement a été renversé par un coup d'État.

«Nous sommes de plus en plus préoccupés par les actions entreprises par l'armée, juste quelques jours après son coup d'État», a déclaré Mme Harf, faisant référence à la dissolution du Sénat, aux arrestations et aux restrictions sur les médias.

«Nous appelons de nouveau l'armée à relâcher les détenus politiques, à mettre fin aux restrictions sur les médias et à agir en vue de restaurer le pouvoir civil et la démocratie à travers des élections», a-t-elle ajouté.

Le secrétaire d'État américain John Kerry avait fermement condamné jeudi le coup d'État militaire, estimant qu'il n'y avait pas de justification à cette action. «Cette action aura des implications négatives sur la relation entre les États-Unis et la Thaïlande, en particulier pour notre relation avec les forces armées thaïlandaises», avait-il prévenu.

L'armée thaïlandaise a pris le pouvoir jeudi et suspendu la plupart des libertés individuelles après sept mois de crise politique et de manifestations qui s'étaient soldés par une impasse.