Des raids aériens de l'armée pakistanaise ont tué 60 insurgés présumés mercredi dans les zones tribales du nord-ouest du pays, près de la frontière afghane, tandis que onze insurgés et quatre membres des forces de sécurité ont péri dans des affrontements, ont annoncé les militaires.

L'armée pakistanaise a pris pour cibles des camps talibans au Waziristan du nord. Cette région semi-autonome, souvent bombardée par des drones américains au cours de la dernière décennie, est considérée comme un bastion des talibans, pakistanais et afghans, et d'autres groupes liés à Al-Qaïda.

Les frappes de drones américains y ont cessé fin décembre, mais des bombardements aériens de l'armée pakistanaise y ont fait des dizaines de morts.

«Jusqu'à présent 60 terroristes, y compris d'importants commandants et des (combattants, ndlr) étrangers, ont été tués et une trentaine blessés dans les raids» de mercredi, a indiqué l'armée dans un coomuniqué, sans fournir de précisions sur les commandants tués.

Plus tard «onze terroristes et quatre membres des forces de sécurité» ont été tués dans des affrontements près de Mir Ali, ville également située dans le Waziristan du nord.

Le nombre et l'identité des personnes tuées ne pouvait pas être vérifiés d'une manière indépendante car les combats se pousuivaient toujours dans cette région et les journalistes ne pouvaient pas y pénétrer.

Selon des sources des services de renseignement locaux et des habitants, des civils figurent parmi les blessés.

Selon les responsables militaires, les talibans visés étaient impliqués dans des violences récentes, dont une explosion dans un camp de déplacés à Peshawar, des attentats dans les zones tribales de Mohmand et Bajaur, ainsi que des attaques contre des convois des forces de sécurité dans le Waziristan du Nord.

Ces raids aériens se sont concentrés à Miranshah, chef-lieu du Waziristan du Nord, où le principal bazar a toutefois été épargné. Selon un responsable des services de renseignement, les secteurs de Datta Khel et Ghulam Ali ont également été bombardés.

Résultat, «des caches d'armes, des munitions et du matériel pour fabriquer des bombes artisanales ont été détruits», a ajouté l'armée.

Selon un correspondant de l'AFP, des hélicoptères et des troupes au sol tiraient à l'intérieur et autour de la ville de Mir Ali, et les habitants ont reçu l'ordre d'évacuer les lieux.

La rébellion se lézarde

Les talibans pakistanais du TTP, en lutte depuis 2007 contre le pouvoir à Islamabad, avaient mis fin le mois dernier à un cessez-le-feu de cinq semaines destiné à l'origine à donner un nouveau souffle au processus de paix avec le gouvernement.

S'ils ont repris les armes, les rebelles islamistes n'ont toutefois pas officiellement abandonné ce dialogue qui laisse néanmoins les commentateurs et même des insurgés sceptiques.

Au cours des dernières semaines, des affrontements entre deux factions rivales du TTP, celle Khan Said Sajna et celle de Sheher Yar Mehsud, ont fait par ailleurs plus de 90 morts dans les zones tribales et sapé la fragile unité de la rébellion.

Sajna est considéré comme le dauphin de Wali Ur-Rehman, numéro deux du TTP abattu par un drone, alors que Sheher Yar se revendique de Hakimullah Mehsud, chef taliban lui aussi tué l'an dernier par une frappe américaine.

Des sources rebelles ont confirmé cette semaine à l'AFP que le chef actuel du TTP, le mollah Fazlullah, avait mandaté son bras droit, Sheikh Khalid Haqqani, afin d'arbitrer ce différend qui paralyse pour l'heure le dialogue.

«Ces combats fratricides ont forcé la direction des talibans à reporter jusqu'à nouvel ordre les pourparlers de paix» avec le gouvernement d'Islamabad, a ainsi confié un cadre de la rébellion requérant l'anonymat.

Or les autorités pakistanaises cherchent justement à diviser la rébellion entre factions favorables et opposées au dialogue de paix afin de discuter avec les premières et de combattre les secondes, ainsi affaiblies, notent des observateurs à Islamabad.