Le président chinois Xi Jinping et son homologue russe Vladimir Poutine sont convenus mardi à Shanghai de resserrer leurs liens, à l'heure où la Chine comme la Russie sont sous le feu des critiques sur les questions de conflits territoriaux.

Il s'agit de la première visite d'État en Chine de Vladimir Poutine depuis que Xi Jinping a pris la présidence chinoise début 2013 et les deux dirigeants ont lancé des manoeuvres navales conjointes en mer de Chine orientale. Ils participeront mercredi à un sommet régional sur la sécurité régionale en Asie.

Xi Jinping avait consacré à la Russie sa première visite à l'étranger après avoir pris ses fonctions l'an dernier, et il s'est rendu aux Jeux olympiques de Sotchi en mars.

Après une cérémonie de bienvenue, les deux leaders ont entamé leurs discussions, Xi Jinping qualifiant son invité de «vieil ami».

Les exercices navals russo-chinois, au large de Shanghai, devaient impliquer 14 bâtiments et comporter des tirs à munitions réelles.

Ces manoeuvres «illustrent la détermination inébranlable de la Chine et de la Russie à faire face ensemble aux nouvelles menaces et aux nouveaux défis pour sauvegarder la sécurité et la stabilité régionales», a commenté M. Xi, cité par l'agence Nouvelles de Chine.

M. Poutine a de son côté souhaité «un renforcement de la coopération militaire (sino-russe) dans ce nouveau contexte».

Pékin est confronté à une vive tension avec le Vietnam en mer de Chine du Sud, après avoir installé récemment une plateforme pétrolière à proximité d'îles disputées avec Hanoï. L'initiative est à l'origine des plus graves émeutes antichinoises au Vietnam depuis des décennies.

En mer de Chine orientale, une vive tension règne également autour des îles Senkaku, administrées par le Japon, mais revendiquées par la Chine sous le nom de Diaoyu.

«Progrès» sur le gaz

Le président russe a fait part de sa volonté de renforcer les échanges commerciaux avec la Chine pour parvenir au montant de 100 milliards de dollars d'ici 2015, contre 90 l'an dernier, grâce à une coopération renforcée dans l'aéronautique et l'espace et l'énergie notamment.

M. Poutine s'est par ailleurs réjoui d'un «progrès significatif dans les négociations sur le projet de l'acheminement oriental de gaz naturel» russe, a rapporté l'agence Chine nouvelle.

«Les discussions ont surtout porté sur l'économie» et «les relations entre la Russie et la Chine continuent de se développer avec succès», s'est-il félicité dans une déclaration diffusée par la télévision russe.

Les deux responsables ont signé une «longue» série d'accords, selon Chine nouvelle, qui n'a pas fourni de détails.

Le premier ministre russe Dmitri Medvedev a admis mardi la «possibilité théorique» d'une réorientation vers la Chine des exportations de gaz russe qui n'iraient plus vers l'Europe.

Parmi les autres contrats à l'étude figurent celui du géant pétrolier russe Rosneft et du chinois Sinopec sur la fourniture de 100 millions de tonnes de pétrole russe à la Chine sur dix ans, ainsi que la commande de 100 avions Superjet 100, le moyen-courrier de transport civil du constructeur Soukhoï.

Vladimir Poutine est accompagné d'une importante délégation, composée de dizaines d'hommes d'affaires et de leaders régionaux.

«Face aux sanctions, la Russie a besoin de montrer qu'elle n'est pas isolée», a souligné Piotr Topytchkanov, de l'antenne moscovite du Centre Carnegie. «Ce sera le but de la visite de Poutine. Il veut montrer que la Russie a des alliés».

Moscou s'oppose aux Occidentaux dans la pire crise depuis la Guerre froide, provoquée par le rattachement en mars de la Crimée à la Russie et l'extension des troubles dans l'Est de l'Ukraine.

Accusant la Russie de fomenter ces troubles, les États-Unis et l'Union européenne ont infligé des sanctions à l'encontre de proches de M. Poutine et menacé de mesures plus radicales si Moscou perturbait la tenue de la présidentielle prévue le 25 mai dans cette ex-république soviétique.

Dans ce contexte, la visite du président russe en Chine, qui devait initialement être essentiellement consacrée aux relations énergétiques entre les deux pays, a pris une autre dimension, soulignent les analystes.

Ces dernières années, la Russie et la Chine, tous deux des membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, ont oeuvré ensemble pour contenir Washington.

La crise en Ukraine a toutefois placé Pékin dans une situation inconfortable, entre soutien à Moscou et respect de l'intégrité territoriale des pays et du principe de «non-ingérence».