Avec tout ce qui se passe en Ukraine et au Moyen-Orient, les alliés de Washington en Asie ne cachaient plus leur impatience de voir Barack Obama leur accorder un peu d'attention. Ce sera fait aujourd'hui alors que le président américain entame un voyage d'une semaine dans la région. Du Japon à la Malaisie en passant par les Philippines et la Corée du Sud, M. Obama discutera de plusieurs enjeux parfois délicats avec ses homologues. En voici six qui risquent de retenir l'attention.

Dissiper l'impression d'indifférence

S'il faut trouver un seul objectif dans ce voyage de Barack Obama, il est simple: convaincre ses hôtes que son administration se préoccupe de l'Asie.

En 2011, l'ex-secrétaire d'État Hillary Clinton avait promis un «pivot» dans la politique étrangère américaine afin de l'orienter davantage sur l'Asie-Pacifique.

«Entre gens polis, ils ne le diront pas tout haut, mais je crois que derrière les portes closes, les gens demanderont où se trouve ce pivot - ils ne le voient pas», a dit Victor Cha, ancien conseiller de George Bush devenu analyste, lors d'un récent point de presse.

Alors aux prises avec une impasse budgétaire dans son pays, Obama a annulé deux visites en Asie l'automne dernier et y est attendu avec impatience.



JAPON




Un conflit territorial avec la Chine


Au Japon, on les appelle Senkaku. Les Chinois les nomment Diaoyu. Il s'agit d'un groupe d'îles inhabitées en pleine mer de Chine. Et les deux pays s'en disputent le contrôle.

Les États-Unis sont engagés par un traité à défendre le Japon dans la région, mais n'ont jamais pris officiellement position pour leur allié dans ce conflit. Or, cela pourrait se faire dès aujourd'hui alors que Barack Obama entame son voyage au Japon, selon des analystes cités hier par le journal britannique The Guardian.

Le Sénat américain a déjà poussé le président à «hausser d'un cran» les alliances américaines en Asie-Pacifique et à envoyer un signal clair «d'engagement durable» dans la région.



CORÉE DU SUD



Les ambitions nucléaires de Pyongyang

Après avoir fait la révérence à ses hôtes japonais, Barack Obama se rendra à Séoul. Ici, c'est le peu commode voisin du Nord qui risque de monopoliser les conversations.

Encore hier, des activités ont été détectées au principal site nucléaire de la Corée du Nord, laissant croire que Pyongyang prépare un autre essai nucléaire.

Obama a déjà réussi un coup de maître le mois dernier en amenant le Japon et la Corée du Sud, qui sont en froid, à se parler sur cette question à La Haye, aux Pays-Bas.

Les spécialistes s'attendent à ce que Barack Obama et la présidente sud-coréenne Park Geun-hye envoient un message fort de dissuasion à la Corée du Nord.



PHILIPPINES



Coopération militaire

Aux Philippines, ce sont les questions militaires qui dicteront l'ordre du jour. Le mois dernier, les États-Unis ont signé un accord qui leur donne accès aux bases militaires philippines. La marine américaine a aussi intensifié son aide aux Philippines afin d'améliorer sa surveillance en mer de Chine.

Les deux pays sont de vieux alliés et réagissent ainsi à une menace bien claire: celle de la Chine, qui revendique plusieurs zones maritimes et se montre de plus en plus ferme dans ses demandes.



MALAISIE




Tisser des liens


Barack Obama deviendra le premier président américain à poser les pieds en Malaisie depuis Lyndon Johnson en 1966. Le sort réservé aux opposants politiques soulève bien des questions dans ce pays, mais des sources américaines ont déjà indiqué que Barack Obama ne rencontrerait pas Anwar Ibrahim, leader de l'opposition du pays.

La visite devrait servir à tisser des liens et à discuter de questions économiques. La Malaisie fait partie de l'accord du Partenariat transpacifique, traité de libre-échange qui implique 12 pays, dont le Canada et les États-Unis. On ignore si Barack Obama abordera la gestion parfois chaotique par les autorités malaisiennes de la disparition du vol MH370.



CHINE




L'éléphant dans la pièce


Barack Obama ne s'arrêtera pas en Chine au cours de son voyage, mais le pays risque néanmoins de se retrouver au centre des discussions. Les alliés de Washington en Asie s'inquiètent des ambitions militaires et territoriales de leur puissant voisin, et Barack Obama aura la délicate tâche de leur offrir son soutien sans trop irriter Pékin.

«L'administration [Obama] n'a pas intérêt à ce que ce voyage ait l'air d'une tournée anti-Chine, et le président devra trouver un équilibre entre son soutien à ses alliés et son désir d'entretenir des relations constructives avec Pékin», écrit le Center for Strategic International Studies dans une analyse publiée lundi.

- Avec l'AFP, The Guardian et la BBC