L'Australie a prudemment relancé jeudi l'enquête sur la disparition du vol MH370 de la Malaysia Airlines en annonçant la détection de deux «objets» dans le sud de l'océan Indien, après bientôt deux semaines de fausses pistes et d'espoirs déçus.

Isolés par imagerie satellitaire, ces objets dont l'un fait 24 mètres sont «probablement la meilleure piste que nous ayons pour le moment», a estimé un haut responsable de l'Autorité australienne de sécurité maritime (AMSA), John Young.

Le premier ministre australien Tony Abbott avait fait état peu auparavant, devant le Parlement, d'informations «nouvelles et crédibles», «basées sur des données satellitaires, d'objets qui pourraient être liés aux recherches».

«Mais il faut que nous nous rendions sur place (...) pour savoir si cela vaut quelque chose ou non», a prévenu John Young.

Les photos ont en effet été prises dimanche ce qui signifie que les «objets» ont pu dériver depuis. Pour le ministre australien de la Défense, David Johnston, c'est un «cauchemar logistique».

«Nous sommes dans une région parmi les plus isolées de la planète. En fait, on peut difficilement faire plus isolé», a-t-il dit à la télévision australienne.

Cette région est située dans le sud de l'océan Indien, à 2500 km au sud-ouest de la ville australienne de Perth (ouest) et les conditions météo étaient très défavorables jeudi avec une faible visibilité qui limitait l'utilité des rotations aériennes.

Un navire norvégien est arrivé jeudi dans cette zone «pour participer aux recherches» selon une porte-parole de l'armateur norvégien Höegh Autoliners. Cependant, la nuit étant tombée aux alentours de 13 h GMT (9h, heure de Montréal), les recherches ont dû être interrompues pour jeudi.

Faisant route entre Port-Louis sur l'île Maurice et la ville australienne de Melbourne, le navire a été dérouté à la demande de l'Australie pour tenter d'identifier les débris détectés par satellite dans le sud de l'océan Indien.

De même un navire militaire britannique, le HMS Echo, en patrouille dans l'océan Indien, a été dépêché dans le sud de l'océan pour participer lui aussi aux opérations de recherche dans la zone où ont été détectés des débris supposés de l'avion disparu.

La seule piste

David Kaminski-Morrow, de la revue spécialisée Flight International, a, lui aussi, lancé une mise en garde contre tout excès d'optimisme: «C'est la meilleure piste tout simplement parce que c'est la seule», a-t-il dit.

Critiquée pour sa gestion de la crise, son opacité et ses informations contradictoires, la Malaisie a insisté sur la nécessité de vérifier la nature des objets repérés.

«Tant que nous ne sommes pas certains d'avoir localisé le vol MH370, les opérations de recherche et de secours se poursuivent dans ces deux couloirs», allant du sud de l'océan Indien à l'Asie centrale, a insisté le ministre des Transports Hishammuddin Hussein.

Un avion militaire Orion a été envoyé et trois autres appareils suivront ainsi qu'un navire marchand.

Le vol MH370 assurant la liaison Kuala Lumpur-Pékin avec 239 personnes à bord - dont deux tiers de Chinois - s'est volatilisé peu après son décollage le samedi 8 mars à 0 h 41 (12 h 41 vendredi, heure de Montréal).

À partir de données radars, les recherches ont été engagées par 26 pays dans deux couloirs et mobilisaient jeudi 18 navires, 29 avions et six hélicoptères.

L'Australie conduit les recherches, avec l'Indonésie, dans le couloir sud. La plupart des analystes privilégient l'hypothèse de ce couloir, estimant que l'avion aurait été détecté par les radars civils ou militaires en survolant une dizaine de pays s'il avait suivi la voie nord.

Le changement de cap de l'avion à l'opposé de son plan de vol et la désactivation apparemment délibérée des systèmes de communication de l'avion ont placé les pilotes au centre de l'enquête. Les investigations menées jusqu'ici n'ont cependant rien donné de probant.

La Chine prête à agir

Le président américain Barack Obama, attendu en Malaisie en avril, a assuré que la recherche du Boeing était une «priorité absolue» pour les États-Unis.

Le gouvernement de Malaisie a demandé au FBI d'analyser les fichiers électroniques qui avaient été effacés le mois dernier d'un simulateur de vol saisi au domicile du commandant du Boeing 777.

La gestion de la crise par les autorités malaisiennes, jugée chaotique, suscite depuis plusieurs jours la colère et la frustration des proches des personnes à bord du vol MH370, dont deux tiers étaient des Chinois.

Dans l'hôtel de Pékin où se déroulent les réunions entre proches et responsables de Malaysia Airlines, l'annonce de la possible localisation de débris du vol MH370 a été reçue avec des sentiments mitigés, sans alléger l'insupportable tension liée à l'attente.

«Nous attendons, nous continuons simplement à attendre», a confié Zhao Chunzeng, l'un de ces proches.

«J'espère que toutes les personnes qui avaient embarqué sont vivantes», a déclaré de son côté à l'AFP Wen Wancheng, dont le fils se trouvait à bord du Boeing.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a indiqué pour sa part «attacher une grande importance» aux informations de Canberra et précisé que la Chine se tenait «prête à agir de façon adaptée en fonction de ces dernières circonstances».

Photo Reuters