Le Boeing 777 de la compagnie Malaysia Airlines disparu avec 239 passagers demeurait introuvable, hier, malgré d'intenses efforts de recherche. Les spéculations continuaient d'aller bon train sur le sort de l'appareil, qui aurait peut-être changé de cap au moment de disparaître des radars.

Q: Où se concentraient les recherches jusqu'à hier?

R: Dans un premier temps, les autorités ont concentré leurs recherches dans un rayon d'environ 100 km autour de la dernière position connue de l'avion, qui a disparu des écrans près d'une heure après le décollage, en mer de Chine méridionale, entre la côte orientale de la Malaisie et le sud du Viêtnam. Ce rayon d'action a été doublé hier, et une partie de l'effort de recherche a été dirigé vers le détroit de Mallaca.

Q: Pourquoi cibler ce détroit?

R: La décision reflète la possibilité que l'appareil ait changé de cap radicalement et se soit dirigé vers l'ouest. Le général malaisien responsable des forces de l'air, Rodzali Daud, a indiqué hier à un journal du pays que des «signaux» avaient été reçus près du détroit vers 2h40, plus d'une heure après la dernière position officiellement signalée jusque-là par les autorités.

Q: Les recherches ont-elles permis de trouver quelque chose?

R: Des dizaines de navires, d'hélicoptères et d'avions ratissaient hier la zone de recherche, sans résultat concluant. Plusieurs fausses alertes sont survenues au cours des derniers jours. Une nappe de carburant découverte près du point de disparition officiel de l'avion n'avait finalement rien à voir avec l'appareil. La présence d'un possible radeau de survie a été signalée, mais l'information est restée sans suite. Pour accroître les capacités de recherche, la Chine a annoncé hier le redéploiement d'une dizaine de satellites.

Q: Comment expliquer la disparition de l'avion des radars?

R: Mikael Robertsson, expert en aviation civile qui gère un site de surveillance des vols, a déclaré hier au NewYorkTimes que la disparition de l'appareil de Malaysia Airlines des radars et son changement de cap soudain suggèrent que le transpondeur de positionnement a été volontairement éteint. Le directeur de la CIA, John Brennan, a indiqué hier dans la même veine que la question du transpondeur était suspecte et qu'il ne fallait pas, à ce stade, exclure l'hypothèse d'un acte terroriste. Interpol a parallèlement écarté la possibilité que des hommes montés à bord avec des passeports volés aient eu des intentions criminelles. Il s'agissait plutôt de réfugiés iraniens qui cherchaient à immigrer illégalement vers l'Allemagne et la Suède.

Q: Quelles sont les autres pistes considérées par les autorités?

R: Le chef de police malaisien Khalid Abu Bakar a déclaré que les autorités considéraient la possibilité d'un acte de sabotage, d'un détournement, de l'existence de troubles psychologiques parmi les passagers et les membres du personnel ou des problèmes personnels susceptibles de les amener à vouloir précipiter un accident. Le pilote, âgé de 53 ans, travaillait pour la compagnie depuis le début des années 80 et comptait plus de 18 000 heures de vol à son actif. Les experts demeurent sceptiques quant à la possibilité d'ennuis mécaniques de l'appareil - le modèle de Boeing en question est considéré comme l'un des plus sécuritaires. Un pilote d'expérience a indiqué hier en entrevue qu'il fallait attendre d'obtenir des éléments concrets et les analyser pour savoir ce qui s'est passé. Un processus long et complexe qui cadre mal, a-t-il prévenu, avec l'avis précipité de «pseudo-experts» qui voient souvent leurs hypothèses démenties par les faits. La détection des boîtes noires de l'appareil, si l'écrasement est avéré, donnerait de précieuses indications sur le sort de celui-ci, mais elles peuvent être difficiles à repérer en mer. Dans le cas du vol d'Air France disparu entre le Brésil et la France en 2009, on ne les avait retrouvées que deux ans après la découverte des débris.

Q: Qui sont les disparus?

R: L'avion comptait à son bord 227 passagers, incluant 153 Chinois, 38 Malaisiens et des personnes d'au moins une douzaine d'autres nationalités. Il y avait également 12 employés, tous d'origine malaisienne. La compagnie aérienne a transporté à Kuala Lumpur les familles de plusieurs passages disparus et offert une aide financière pour les soutenir, sans pour autant apaiser le courroux de Pékin, qui reproche au pays d'avoir traîné les pieds dans ses efforts de recherche. Les révélations d'hier sur un possible changement de cap de l'avion ont entraîné un florilège de critiques sur les réseaux sociaux chinois.