Les délégations des Corées du Nord et du Sud ont entamé mercredi des discussions, les premières à un aussi haut niveau depuis 2007, laissant espérer une amorce de coopération entre les deux frères ennemis, ne serait-ce qu'au sujet des familles séparées par la guerre.

Les thèmes abordés lors de cette rencontre, dans le village frontalier de Panmunjom, n'ont pas été précisés, mais ils comprennent des «sujets importants», dont la reprise du programme des réunions des familles séparées par la guerre de Corée (1950-1953), avait indiqué la veille le ministère sud-coréen de l'Unification.

La délégation du Sud est menée par le plus haut responsable du Conseil de sécurité national, Kim Kyou-Hyun. Il a indiqué que le but de Séoul était de s'assurer que les retrouvailles des familles aient bien lieu, comme le programme le prévoit.

Des réunions familiales prévues en septembre avaient été annulées au dernier moment par Pyongyang.

Côté Corée du Nord, la délégation va vraisemblablement demander une nouvelle fois l'annulation des manoeuvres militaires conjointes menées chaque année par les États-Unis et le Sud, qui doivent débuter le 24 février.

Kim Kyou-Hyun a déclaré qu'il entamait ces discussions «avec l'esprit ouvert afin d'étudier les chances de démarrer un nouveau chapitre sur la péninsule coréenne».

Il n'a pas indiqué si le programme nucléaire nord-coréen allait être abordé lors de ces discussions, démarrées à 10h00 heure locale.

Il s'agit de la première rencontre à un aussi haut niveau entre des représentants des Corées de Nord et du Sud depuis 2007. Elles se déroulent la veille de l'arrivée à Séoul du secrétaire d'État américain John Kerry, dont le bref séjour en Corée du Sud sera consacré à la Corée du Nord.

Selon Séoul, la rencontre de Panmunjom a été proposée par Pyongyang, dont la délégation était menée par Wong Ton-Yong, vice-président de l'organisation qui s'occupe des liens entre les deux voisins.

Ce rendez-vous n'a pas été mentionné par la presse nord-coréenne. La réunion se tient dans la partie sud-coréenne du village transfrontalier, qui avait accueilli la signature de l'armistice de la guerre de Corée.

Les deux frères ennemis n'ont toujours pas signé de traité de paix.

Obtenir des concessions de la part de Séoul

Pour Kim Yong-Hyun, expert sur la Corée du Nord à l'université Dongguk à Séoul, Pyongyang veut mettre en avant sa bonne volonté diplomatique.

Le régime nord-coréen «veut montrer sa volonté d'améliorer les relations avec le Sud afin d'obtenir des concessions de la part de Séoul et des autres», déclare l'expert, qui juge prématuré d'espérer une avancée majeure.

Le Nord va sans doute aussi vouloir reprendre les visites des Sud-Coréens sur son site touristique du Mont Kumgang, source de précieuses devises étrangères.

Séoul avait suspendu ces séjours en 2008, après que des soldats nord-coréens avaient abattu une touriste sud-coréenne.

Les analystes estiment que le Sud pourrait s'avancer sur ce dossier-là si les réunions des familles se déroulent comme prévu.

Ce programme, interrompu depuis plus de trois ans, vise à réunir, pour quelques jours seulement, parents et enfants, frères et soeurs, qui se trouvaient de part et d'autre de la frontière coréenne à la fin de la guerre.

Les candidats à ces réunions, plusieurs milliers, sont pour la plupart très âgés.

«Si la première étape se déroule bien, nous passerons à la deuxième étape, élargissant la coopération inter-coréenne à un rythme plus soutenu», avait indiqué mardi le ministre sud-coréen de l'Unification, Ryoo Kihl-Jae.

Plusieurs au Sud craignent que le scénario de septembre se répète, avec une annulation de ces retrouvailles au dernier moment. Le Nord a menacé la semaine dernière de renoncer à ses engagements si Séoul et Washington maintenaient leurs exercices militaires.

Les deux alliés ont souligné qu'il n'était pas question d'y renoncer mais des responsables américains ont indiqué que les manoeuvres 2014 se dérouleraient sans porte-avions ou bombardiers.