Les propriétaires d'une usine textile dont l'incendie en 2012 avait causé la mort de 111 personnes, mettant en lumière les conditions de travail déplorables dans les ateliers du pays, ont été écroués dimanche.

Delwar Hossain et sa femme Mahmuda Akter passeront quelque six semaines en prison après qu'un tribunal de Dacca eut délivré un mandat d'arrêt à leur encontre.

Ils ont été inculpés d'homicide involontaire par négligence. Au total, 13 personnes sont poursuivies dans cette affaire. Ils encourent la prison à vie.

«Le tribunal a rejeté dimanche leur demande de libération sous caution et les a envoyés en prison», a déclaré à l'AFP le procureur Anwarul Kabir.

L'incendie était survenu en novembre 2012 dans l'usine Tazreen, dans la banlieue de Dacca, où les ouvriers fabriquaient des vêtements pour l'américain Walmart, les magasins néerlandais C&A ou encore ENYCE, une marque détenue par le rappeur Sean «Diddy» Combs.

Les victimes, en majorité des femmes gagnant quelques dizaines de dollars par mois, ont été piégées par les fumées toxiques ou se sont défenestrées pour échapper aux flammes.

Selon le témoignage de survivants, les contremaîtres et les gardiens ont forcé les ouvriers à retourner à leur poste malgré l'épaisse fumée qui se dégageait du rez-de-chaussée d'où l'incendie s'est déclaré.

Cet incendie fut le plus meurtrier jamais survenu dans une usine textile au Bangladesh. Mais la catastrophe la plus terrible s'est produite quelques mois plus tard, lorsque s'est effondré en avril 2013 le Rana Plaza, un immeuble de neuf étages d'ateliers de confection près de Dacca, un accident qui a fait au moins 1135 morts.

Le Bangladesh est le deuxième exportateur de vêtements au monde, fournissant notamment des grands noms tels que l'américain Walmart, le français Carrefour ou encore le suédois H&M.

Pilier de l'économie, le secteur représente 80% des exportations annuelles s'élevant à 27 milliards de dollars, et emploie quatre millions de personnes, en majorité des femmes.

À la suite de cette série de tragédies, une centaine de grands noms du textile occidentaux et le Bangladesh se sont mis d'accord fin novembre pour instaurer des normes de sécurité renforcées dans près de 3500 usines, ouvrant la voie à une intensification des inspections.

Selon la police, l'inculpation des propriétaires et cadres de Tazreen est vraisemblablement une première pour le pays qui compte 4500 usines textiles.

REUTERS

Les propriétaires de l'usine Tazreen, Delwar Hossain et sa femme Mahmuda Akter.