Le vice-président américain Joe Biden a passé une heure au téléphone en décembre avec le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, pour tenter, en vain, de le dissuader d'aller au sanctuaire Yasukuni, lieu honni par la Chine et la Corée du sud, affirme mercredi un média japonais.

Selon l'agence Kyodo, qui cite des sources diplomatiques non précisées, cette conversation s'est déroulée le 12 décembre, soit deux semaines avant le déplacement de Shinzo Abe au sanctuaire shintoïste au coeur de Tokyo où sont honorés des militaires morts pour le Japon, mais aussi 14 criminels de guerre condamnés après 1945.

Une semaine plus tôt, M. Biden avait effectué une tournée au Japon, en Chine et en Corée du sud, pour justement tenter d'apaiser les tensions grandissantes, surtout entre Pékin et Tokyo qui sont en très mauvais termes depuis plus d'un an à cause d'un conflit territorial en mer de Chine orientale.

Pour marquer sa première année de pouvoir, Shinzo Abe était allé prier le 26 décembre dans ce sanctuaire qui, pour Pékin, Séoul, et d'autres pays de la région, symbolise le passé fasciste et militariste du Japon impérial.

C'était la première visite d'un chef de gouvernement japonais depuis 2006.

Selon l'agence Kyodo, M. Abe aurait répondu à Joe Biden: «je déciderai moi-même si je m'y rends ou pas».

A l'issue de son déplacement, qui avait déclenché la colère des Chinois et des Sud-Coréens, les États-unis avaient publiquement exprimé leur «déception», dans un rare geste de mauvaise humeur à l'égard de leur principal allié dans la région.

Le 9 janvier, malgré une avalanche de critiques internationales, Shinzo Abe n'a pas écarté une nouvelle visite au sanctuaire.

«Je persiste dans mon souhait de prier et de présenter, en tant que dirigeant du pays, mes respects aux victimes de guerre», a-t-il déclaré à des journalistes.

A cause de ces contentieux liés à l'Histoire, mais aussi en raison de différends territoriaux, M. Abe n'a toujours pas rencontré officiellement les dirigeants chinois Xi Jinping et sud-Coréen Park Geun-Hye qui sont arrivés au pouvoir à peu près en même temps que lui.