Les manifestants ont fortement perturbé le vote anticipé organisé dimanche en Thaïlande, à une semaine de législatives controversées, dont la tenue est de plus en plus compromise.

À Bangkok, 19 des 50 bureaux de vote ont dû être fermés par la commission électorale, en raison du siège du bâtiment par les manifestants.

«Les responsables des bureaux de vote n'ont pas pu entrer à cause des manifestants», a expliqué à l'AFP Puchong Nutrawong, secrétaire général de la commission électorale.

«Je suis ici pour empêcher les gens de voter», s'est justifié auprès de l'AFP Amornchock, manifestant de 64 ans bloquant un bureau de vote de la capitale. Quelque 2.500 manifestants au total bloquaient une quinzaine des quelque 50 bureaux de vote de Bangkok, selon la police.

«Je ne suis pas opposé à la démocratie, je ne suis pas contre des élections, mais elles doivent être justes», a ajouté ce manifestant, reprenant l'idée de l'opposition de repousser les élections, le temps de réformes, avec un «conseil du peuple» non élu au pouvoir dans l'intervalle.

Plus de deux millions d'électeurs s'étaient portés volontaires pour voter avec une semaine d'avance, dans le cadre de ces législatives proposées par la première ministre Yingluck Shinawatra afin de tenter de mettre fin à une crise politique qui s'éternise depuis des mois.

La procédure de vote par anticipation, prévue pour les électeurs ne pouvant pas se déplacer dimanche prochain, était vue comme un test, permettant d'évaluer la faisabilité de l'organisation des élections dimanche prochain.

Le meneur des manifestants avait promis que ses partisans n'empêcheraient pas les électeurs de pénétrer dans les bureaux de vote, mais tenteraient de les «persuader» de leur erreur.

La présence des manifestants autour des stations de vote est en elle même «la porte ouverte à une forme d'intimidation des électeurs», analyse quant à lui Sunai Phasuk, de l'ONG Human Rights Watch.

Des bureaux de vote ont également été bloqués dans le sud du pays, fief de l'opposition.

Yingluck Shinawatra, qui a dissous le Parlement pour tenter d'apaiser les manifestants, refuse quant à elle de démissionner pour laisser sa place au «conseil du peuple» non élu réclamé par les manifestants.

La première ministre doit rencontrer la Commission électorale mardi, et pourrait être contrainte d'annoncer un report du scrutin.