Trente Vietnamiens ont été condamnées à mort lundi au Vietnam pour trafic de drogue lors du plus important procès lié à la drogue du pays communiste, qui impliquait 89 accusés et près de deux tonnes d'héroïne, a annoncé un juge à l'AFP.

«Il s'agissait du plus grand procès au Vietnam en termes d'accusés, du nombre de peines de mort infligées et du volume d'héroïne concerné», a précisé le juge Ngo Duc à l'AFP après la lecture du verdict dans la province de Quang Ninh, dans le nord du pays.

Les 59 autres accusés ont été condamnés à des peines allant de six mois de prison avec sursis à la perpétuité.

Le procès, qui a duré 17 jours, avait commencé le 3 janvier. «En raison du grand nombre d'accusés et de la gravité de l'affaire, le procès a eu lieu dans la prison», a précisé le juge.

Selon les enquêteurs, les 89 accusés faisaient partie de quatre réseaux internationaux qui transportaient héroïne et autres drogues du Laos vers le Vietnam et la Chine depuis 2006.

Les réseaux avaient été démantelés en août 2013 par la police qui avait arrêté de nombreuses personnes et saisi de grandes quantités de drogues, ainsi que des voitures de luxe et des armes, selon la presse d'État, qui a précisé que l'un des leaders était toujours en fuite.

«Tous les accusés sont vietnamiens et la plupart sont de provinces du nord-ouest», a précisé à l'AFP Nguyen Trung Hieu, greffier.

Le nord-ouest du Vietnam, à la frontière avec la Chine et le Laos, est très isolé et pauvre, habité principalement par une myriade de minorités ethniques.

Le Triangle d'or, région à la frontière entre le Laos, la Thaïlande et la Birmanie, était le premier producteur d'héroïne et de sa matière première, l'opium, il y a trente ans. Mais l'Afghanistan a depuis pris cette place, loin devant la Birmanie.

La législation vietnamienne contre le trafic de drogue compte parmi les plus sévères au monde. Toute personne trouvée en possession de plus de 600 grammes d'héroïne ou plus de 20 kilos d'opium est passible de la peine de mort.

En 2010, l'Assemblée nationale avait changé la loi pour remplacer l'exécution par balle par l'injection létale, jugeant cette méthode plus «humaine».

La loi était entrée en vigueur le 1er juillet 2011, mais faute de produits pour composer le mélange de l'injection létale, les exécutions avaient été suspendues.

Elles ont finalement repris en août dernier après la modification de la législation pour permettre l'utilisation de produits locaux.

Le pays compte désormais plus de 700 prisonniers dans le couloir de la mort, selon les articles de la presse officielle et un décompte de l'AFP.

La grande majorité des peines capitales sont prononcées à l'encontre des trafiquants de drogue et des meurtriers. Hanoï ne divulgue pas ses statistiques, mais Amnistie internationale a répertorié en 2011 cinq exécutions et 23 condamnations à la peine capitale, et 86 condamnations en 2012.

En raison des problèmes liés à l'approvisionnement, mais aussi à la production locale des produits nécessaires à l'injection létale, certains députés ont appelé à un retour au peloton d'exécution.