L'un des manifestants victimes vendredi d'un engin explosif lors d'un défilé réclamant le départ du gouvernement thaïlandais est mort de ses blessures, ont indiqué les secours samedi, quelques heures avant une nouvelle marche annoncée par le mouvement.

La victime, touchée par des éclats de bombe, est décédée dans la nuit de vendredi à samedi après avoir perdu beaucoup de sang, indiqué un responsable du centre de secours Erawan.

Sur les 37 personnes blessées, 11 étaient toujours hospitalisées samedi, a-t-il ajouté.

L'explosion a eu lieu vendredi en milieu de journée aux avant-postes d'un défilé auquel participait Suthep Thaugsuban, le meneur du mouvement qui réclame depuis plus de deux mois la démission de la Première ministre Yingluck Shinawatra et le remplacement du gouvernement par un «conseil du peuple» non élu.

Les manifestants, alliance hétéroclite des élites de Bangkok, d'ultra-royalistes et d'habitants du sud, réclament la tête de Yingluck et la fin de ce qu'ils appellent le «système Thaksin», du nom de son frère Thaksin Shinawatra qu'ils associent à une corruption généralisée et qu'ils accusent de gouverner à travers elle depuis son exil.

L'ancien Premier ministre, qui reste le personnage central de la politique du royaume, a été renversé en 2006 par un coup d'État, engluant la Thaïlande dans des crises politiques à répétition divisant le pays entre ceux qui l'adorent et ceux qui le haïssent et le voient comme une menace pour la monarchie.

Tirs ou provocations lors de mouvements de rue ne sont pas une première dans un pays habitué des violences politiques, ni depuis le début de cette crise qui a désormais fait neuf morts, la plupart abattus dans des circonstances troubles.

Mais les incidents des dernières semaines s'étaient produits la nuit dans des campements des manifestants, et pas en plein jour au milieu d'un cortège.

Les deux camps se sont, comme lors des autres incidents, accusés mutuellement d'être responsables de l'explosion.

L'opposition est suspectée par certains de chercher l'affrontement pour provoquer un nouveau coup d'État que le puissant chef de l'armée de terre a récemment refusé d'exclure.

Malgré l'explosion dont il n'était qu'à une trentaine de mètres, selon l'un de ses proches, Suthep a promis vendredi soir devant ses partisans de participer à une nouvelle marche samedi matin.

«Notre sécurité va être renforcée, nous aurons une équipe avancée pour vérifier la route» avant le passage du cortège, a précisé samedi le porte-parole du mouvement Akanat Promphan.

Des dizaines voire des centaines de milliers de manifestants avaient lancé lundi une opération de «paralysie» de Bangkok, occupant plusieurs carrefours stratégiques de la capitale pour intensifier leur pression sur le gouvernement.

Mais la mobilisation semble depuis avoir faibli et le gouvernement a appelé la police à arrêter Suthep, visé par un mandat d'arrêt pour insurrection émis début décembre.

Pour tenter de sortir de l'impasse politique, Yingluck a convoqué des législatives anticipées pour le 2 février, mais les manifestants ne veulent pas de ce scrutin qui a toutes les chances d'être remporté par le parti au pouvoir, et le Parti démocrate le boycotte.