Un attentat-suicide revendiqué par les talibans a tué jeudi un des policiers les plus puissants du Pakistan connu pour ses opérations antiterroristes dans la métropole économique Karachi en proie à des violences records ayant fait plus de 2500 morts l'an dernier, ont annoncé les autorités.

L'attentat savamment planifié par les insurgés ciblait Chaudhry Aslam, surnommé le «super policier» de Karachi, pour avoir dirigé des opérations anti-talibanes et contre des puissants gangsters locaux, a précisé la police.

«Le véhicule du kamikaze a foncé sur le convoi de Chaudhry Aslam dans lequel se trouvaient deux autres policiers», a déclaré à l'AFP le chef des enquêteurs de la police de Karachi Iqbal Mehmood, précisant que les trois responsables avaient péri.

«Le véhicule blindé d'Aslam a été complètement détruit», a-t-il ajouté. Des pièces calcinées de la voiture ont été retrouvées à une vingtaine de mètres de l'explosion.

L'attentat a aussitôt été revendiqué par le Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), regroupement de factions talibanes multipliant les attentats dans le nord du pays et à Karachi (sud).

«Nous l'avions attaqué par le passé, mais il avait à chaque fois survécu. Il a tué, torturé et blessé nos combattants, mais nous l'avons finalement achevé», a déclaré à l'AFP Ehsanullah Ehsan, un cadre du TTP. «D'autres responsables de la police et de l'armée pourraient connaître le même sort», a-t-il prévenu.

Chaudhry Aslam avait en effet reçu de nombreuses menaces de mort des insurgés au cours des dernières années. En 2011, une voiture pleine d'explosifs avait percuté sa résidence dans un quartier chic de la métropole alors qu'il était absent.

«Je suis prêt à donner ma vie, mais je ne m'inclinerai jamais devant les terroristes», avait déclaré le «super-policier» après cette tentative de meurtre des talibans.

La ville de Karachi, port tentaculaire de près de 20 millions d'habitants bordé par la mer d'Arabie, est le théâtre depuis quelques années d'une «guerre des gangs» sanglante sur fond de rivalités ethniques, politiques et économiques, de violences sectaires et de la montée en puissance des talibans.

Selon les données obtenues jeudi par l'AFP auprès du Comité de liaison entre la police et les citoyens (CPLC), organisme local recoupant les données sur la violence urbaine, 2507 personnes ont été assassinées à Karachi en 2013, année la plus meurtrière depuis la tenue d'un registre au début des années 90.

L'année 2012 avait jusque là été la plus sanglante pour Karachi avec plus de 2100 assassinats contre 344 cinq ans plus tôt sous le gouvernement militaire de Pervez Musharraf, ce qui avait poussé de nombreuses personnalités locales à demander une vaste opération militaire en zone urbaine.