Le premier ministre japonais Shinzo Abe a déclaré mercredi que la Constitution pacifiste héritée de la dernière guerre et imposée par le vainqueur américain, serait révisée d'ici à 2020, année des Jeux olympiques à Tokyo.

Dans une tribune publiée par le quotidien conservateur Sankei Shimbun, M. Abe, qui est connu pour ses positions nationalistes tranchées, affirme que la Charte, dont l'article 9 consacre la renonciation «à jamais» à la guerre, «sera modifiée d'ici à 2020».

«Je pense qu'alors le Japon aura totalement rétabli son statut et apportera une grande contribution à la paix dans la région et le monde», poursuit M. Abe.

Considéré par ses voisins chinois et sud-coréens comme un «faucon» en matière de diplomatie et de politique étrangère, M. Abe avait dès son retour au pouvoir fin décembre 2012 affiché son objectif de toucher à la constitution. En commençant par «assouplir» l'article 96 qui régit tout amendement d'une quelconque disposition de la Constitution entrée en vigueur en 1947.

Le 26 décembre dernier, à l'occasion de son premier anniversaire à la Primature, il avait encore déclenché la colère de Pékin et Séoul en se rendant au sanctuaire Yasukuni, un lieu de culte shintoïste à Tokyo où sont honorés 2,5 millions de morts tombés pour le Japon, mais surtout 14 criminels de guerre condamnés après 1945. Pour de nombreux pays de la région, le Yasukuni symbolise avant tout le passé fasciste et impérialiste nippon.

Malgré les assurances de M. Abe sur le but pacifiste de son déplacement, le premier d'un chef de gouvernement japonais depuis 2006, la Chine et la Corée du Sud ont fustigé ce pèlerinage comme une insulte aux victimes des atrocités commises par les troupes nippones dans la première moitié du XXe siècle.

Même les États-Unis, dont le Japon est un fidèle allié, ont clairement exprimé leur désapprobation, estimant que la visite de M. Abe ne pouvait qu'«exacerber les tensions» du Japon avec ses voisins.

Dans un message de Nouvel An rendu public ce mercredi, Shinzo Abe a insisté sur sa volonté de modifier la Constitution: «68 ans ont passé (depuis la capitulation du Japon le 15 août 1945, NDLR), il est temps d'approfondir maintenant le débat national en vue d'une révision pour être en phase avec le changement d'époque», explique le premier ministre.

«Le moment est venu pour le Japon de faire un grand pas en avant et de faire un effort pour construire la nation», poursuit-il.

M. Abe a profité de ce message pour réaffirmer sa détermination à ne rien céder dans les conflits territoriaux maritimes qui opposent le Japon à Pékin et Séoul.

«Nous sommes déterminés à protéger jusqu'au bout le territoire national sur terre, sur mer et dans les airs», a-t-il averti.

Depuis plus d'un an, les relations sino-japonaises sont au plus bas à propos d'un petit archipel inhabité en mer de Chine orientale, contrôlé par le Japon sous le nom de Senkaku, mais vigoureusement revendiqué par Pékin qui l'appelle Diaoyu.

Depuis septembre 2012, la Chine envoie régulièrement des navires de garde-côtes dans les eaux territoriales de l'archipel, pour «marquer» son territoire, ainsi que parfois des avions.

Fin novembre, Pékin a de surcroît décrété une «zone d'identification aérienne» sur une grande partie de la mer de Chine orientale qui englobe les Senkaku.