La première ministre Yingluck Shinawatra a décrété la dissolution de la Chambre basse du Parlement de la Thaïlande et déclenché des élections dans une tentative pour apaiser la crise politique grandissante au pays.

L'annonce de Mme Shinawatra, lundi, est survenue au moment où des milliers de manifestants anti-gouvernement avaient promis de marcher dans Bangkok, la capitale, dans une «confrontation finale» contre son gouvernement,

Mme Yingluck a déclaré qu'il y aura «de nouvelles élections en vertu du système démocratique».

Elle n'a pas donné de date.

La Thaïlande est en proie à l'instabilité politique depuis que le frère de Mme Shinawatra, l'ancien premier ministre Thaksin Shinawatra, a été renversé par un coup d'État militaire en 2006.

En gros, la crise oppose l'élite et la classe moyenne thaïlandaises contre la population pauvre rurale, qui constitue la base électorale de Thaksin qui bénéficiait de politiques populistes.

«Nous allons nous soulever. Nous allons marcher dans chaque rue du pays. Nous n'allons pas rentrer à la maison cette fois», a déclaré M. Suthep, dont les supporters occupent le ministère des Finances et une partie d'un vaste complexe gouvernemental depuis plus d'une semaine.

«Ceux qui vont rentrer à la maison les mains vides seront ceux du régime Thaksin.»

Le soulèvement s'est amorcé le mois dernier et vise à chasser du pouvoir la première ministre, qui a remporté une victoire écrasante aux élections de 2011, un scrutin que les observateurs ont estimé libre et juste. Le Parti démocrate est dans l'opposition depuis 1992.

Malgré les appels au calme, une groupe d'hommes masqués a attaqué un poste de police en pleine noirceur, dimanche, a rapporté Piya Uthayo de la police.

La police n'a pas répliqué et les assaillants se sont retirés éventuellement. Il n'y a pas eu de blessés.

Au moins cinq personnes ont perdu la vie et 289 autres ont été blessées depuis le début du soulèvement. La vague de violence a été brusquement interrompue la semaine dernière alors que les deux camps ont pris une pause pour célébrer l'anniversaire du roi adoré de la Thaïlande, qui a eu 86 ans jeudi.

Le gouvernement de Yingluck Shinawatra a été décrété «illégitime» lorsqu'il a tenté de faire adopter par le Parlement une loi d'amnistie dont l'objectif, selon plusieurs critiques, était de permettre à Thaksin de revenir d'exil. Ce dernier vit à Dubaï afin d'échapper à une peine d'emprisonnement pour corruption. Il soutient que les accusations et la condamnation cachaient des motifs politiques.

Le chef du Parti démocrate, Abishit Vejjajiva, a affirmé que le gouvernement Yingluck était rendu «illégitime» et que la formation politique ne pouvait plus prendre part à l'Assemblée.

Les démocrates sont proches des contestataires anti-gouvernementaux, mais ils n'ont pas gagné d'élections depuis 1992, et certains de leurs leaders semblent avoir perdu foi en la politique électorale. Les protestataires demandent que le pays soit dirigé par un conseil de personnes non élues plutôt que par un gouvernement élu.

Dimanche, Mme Shinawatra a répété qu'elle n'essayait pas de s'accrocher au pouvoir et qu'elle serait «heureuse» de démissionner et de dissoudre le Parlement si cela pouvait mettre un terme à la crise. Elle a cependant ajouté qu'elle ne pourrait poser ces gestes que si de nouvelles élections étaient organisées dans les 60 jours suivant son départ et que tous les partis s'engageaient à respecter les résultats du vote.