Des dizaines de milliers de victimes du typhon Haiyan sont embauchées pour nettoyer la région dévastée, dans le centre des Philippines, un travail nécessaire pour relancer l'économie, et salvateur pour des rescapés traumatisés.

Les agences des Nations unies mènent des programme «cash contre travail», qui visent à reconstruire les communautés détruites par le passage de Haiyan le 8 novembre, un des plus violents typhons à avoir jamais touché terre.

«Il est certes important de normaliser l'économie, mais travailler permet surtout (aux rescapés) de retrouver une vie digne», déclare Tim Walsh, responsable de l'équipe du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) déployée à Tacloban, une des villes les plus meurtries par la tempête.

L'ONU, en collaboration avec les autorités philippines, espère créer au moins 200 000 emplois, pour trois ans maximum.

La tâche prioritaire est de nettoyer les montagnes de débris et d'ordures pourrissantes, notamment sur les voies de transport, afin de faciliter la livraison de l'aide et de services essentiels. Les autorités veulent recycler autant que possible les débris collectés.

Haiyan s'est accompagné de vents dépassant les 300 km/h et de vagues géantes qui ont tout balayé jusqu'à un kilomètre à l'intérieur des terres, comme un tsunami, notamment sur les îles de Samar et Leyte.

Maisons, bateaux de pêcheurs, véhicules, poteaux électriques et autres éléments d'infrastructure... Tout a été brisé par la force des vents et de l'eau.

Les rizières ont été envahies par l'eau salée et les systèmes d'irrigation balayés, tandis que des millions de cocotiers, moyens de subsistance de centaines de milliers de personnes dans cette région très pauvre de l'archipel, sont tombés comme des fétus de paille.

Le programme «cash contre travail» prend exemple sur celui mis en place dans la province d'Aceh en Indonésie, après le tsunami de décembre 2004 qui avait tué plus de 170 000 personnes.

«Parmi les similarités d'avec Aceh figure la nature des débris: du bois, du métal, du ciment, des pierres, en plus des débris organiques et des corps découverts chaque jour», indique Leslie Wright, porte-parole de PNUD à Tacloban.

Aider les rescapés à se remettre debout

Les travailleurs volontaires sont payés entre 250 et 500 pesos par jour (soit de 5,80 $ à 11,65$), dans un pays où un quart de la population vit avec moins d'un dollar par jour). Ils nettoient et apportent à des points de collecte les débris, qui sont transportés par camions jusqu'à des décharges temporaires à la lisière de la ville, où s'effectue le tri des déchets.

«On peut réutiliser le bois, comme on l'avait fait à Aceh, pour reconstruire des écoles et des maisons. Le béton est pour les routes», explique la responsable du PNUD. «On réutilise du matériel autant qu'on le peut».

L'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) cherche à mettre en place un programme semblable dans les zones agricoles, et payer les fermiers pour qu'ils nettoient les terres, sur 150 000 hectares, et désembourbent les canaux d'irrigation, sur 80 km.

Mais la FAO a besoin d'argent pour cette opération et a lancé un appel international pour 11 millions de dollars.

Pour John Lim, un des responsables municipaux de Tacloban, encourager les gens à nettoyer et à reconstruire les aide aussi à surmonter le traumatisme provoqué par les pertes, matérielles mais surtout humaines, dues au typhon.

«Nous voulons leur donner autant que possible une nouvelle orientation, tenter de les aider à se remettre debout, en leur donnant un peu d'argent en échange de travaux de nettoyage», dit-il.

Rowena Cayuda, mère de cinq enfants et embauchée dans le cadre du programme, affirme que cette activité l'a dissuadée de quitter la région pour toujours. «On fait un travail honnête et on aide la communauté», déclare-t-elle en tirant des plaques de tôle rouillées.

Le garage où travaillait son mari mécanicien a été détruit. «Mais maintenant qu'on reçoit un peu (d'argent), on pense à ouvrir quelque chose ici, peut-être un petit magasin, et on ne prévoit plus de partir».