L'aide aux rescapés du typhon Haiyan qui s'est abattu sur le centre des Philippines s'étend progressivement aux petites îles et aux régions montagneuses dont les populations sont coupées du monde, grâce au pont aérien et naval mis en place par les Américains.

Montrées du doigt par les rescapés affamés aux premiers jours de la catastrophe, agences publiques et ONG sont désormais massivement présentes sur les îles de Leyte et de Samar, dévastées le 8 novembre par l'un des typhons les plus violents jamais observés.

À Tacloban, la grande ville portuaire de la région, submergée par la mer dans une succession de vagues semblables à l'onde d'un tsunami, l'électricité n'a toujours pas été rétablie.

Mais les centres de distribution d'eau et de colis alimentaires sont opérationnels et des unités médicales mobiles écument la ville anéantie pour porter secours aux malades et aux blessés.

Quelques stations-essence ont rouvert et des survivants vendent du carburant dans des bouteilles de Coca Cola sur des routes largement dégagées des monceaux de débris et de corps charriés par le typhon.

Des fruits frais ont refait leur apparition, à prix d'or, sur de maigres étals où l'on vend par exemple mandarines, pommes et bananes.

Une situation toujours critique

La situation générale reste toutefois critique, les Nations unies estimant que jusqu'à quatre millions de personnes ont été déplacées, dont seulement 350 000 ont trouvé refuge dans des centres d'hébergement.

Le bilan humain provisoire de la catastrophe fourni par le gouvernement était lundi de 3976 morts et 1598 disparus.

Selon les Nations unies, 2,5 millions de personnes nécessitent une aide alimentaire d'urgence. Du riz doit également être fourni pour les semailles de décembre-janvier, cruciales dans ce pays pauvre où un habitant sur quatre vit avec moins d'un dollar par jour.

Le Comité international de la Croix-rouge (CICR) a commencé à distribuer de l'aide aux habitants de Guiuan, Mercedes et Salcedo, villes côtières du sud-est de Samar rasées par le typhon.

«Cela ne fait que commencer», explique Pascal Mauchle, responsable du CICR aux Philippines. «Notre prochain objectif est d'atteindre par bateau les populations de Homonhon et Suluané», de petites îles près de Guiuan.

Le dispositif de l'aide internationale s'est considérablement étoffé en fin de semaine avec l'arrivée sur zone du porte-avions américain George Washington qui débarque d'importantes quantités de matériel et de nourriture transportées ensuite par hélicoptère.

Le Japon, traumatisé par le tremblement de terre qui s'était produit au large de sa côte nord-est le 11 mars 2011 et avait déclenché un gigantesque raz-de-marée, a lui annoncé lundi l'envoi sur zone de deux premiers navires de guerre avec 650 hommes à bord et six hélicoptères. Au total, Tokyo va mobiliser près de 1200 soldats, trois navires de guerre, 10 avions et six hélicoptères.

Il s'agit de la plus grande opération de secours des Forces d'autodéfense du Japon (nom officiel de l'armée japonaise) jamais dépêchée à l'étranger.

Cocotiers couchés par le vent comme des brins d'herbe

Sur l'île de Homonhon, les habitants assistaient lundi au déchargement de colis d'un hélicoptère américain à bord duquel se trouvait une journaliste de l'AFP.

Vus du ciel, les stigmates de Haiyan sont stupéfiants. Les vents soufflant à plus de 300 km/h ont écrasé les maisons de bois et de tôle, emporté les bateaux de pêcheurs et couché les cocotiers comme de simples brins d'herbe.

Le président philippin, Benigno Aquino, s'est rendu dans la région de Tacloban dimanche. Il s'est engagé à y rester pour superviser l'effort humanitaire.

M. Aquino a demandé aux populations isolées de la «patience» tout en promettant de renforcer les circuits de distribution aux moins favorisés.

«J'espère que sa présence va accélérer les opérations d'aide», confiait lundi Emy Esperas Edanol, une vendeuse ambulante de 44 ans, en route pour la mairie de Tacloban qui devait lui délivrer un certificat de décès au nom de son père, tué par le typhon.

Si la situation à Tacloban s'est nettement améliorée au cours du week-end, le quotidien des habitants sinistrés restait difficile et macabre.

Un journaliste de l'AFP a rencontré un homme coupant du bois pour reconstruire sa cahute, au milieu des ruines, près de corps gonflés, dont ceux de deux d'enfants.

«S'il vous plaît, pouvez-vous dire aux autorités de venir les ramasser», a-t-il demandé.

Dimanche, des messes ont été données en mémoire des victimes dans l'archipel philippin, plus grand pays catholique d'Asie.