Des centaines de tonnes de matériel et de produits alimentaires sont en route vers les Philippines, où 10 millions de personnes ont besoin d'une aide urgente, quatre jours après le passage du typhon Haiyan.

Médecins Sans Frontières (MSF) fait en ce moment parvenir 329 tonnes de médicaments aux Philippines par deux avions-cargos en partance de Dubaï et un troisième qui s'envole depuis la Belgique.

«Nous avons une quinzaine de membres des équipes sur place, et une cinquantaine sont actuellement en route, explique en entrevue Patrick Robitaille, conseiller de l'unité de programme à Médecins Sans Frontières Canada. Nous envoyons du personnel médical, mais aussi des gens qui s'occupent du soutien logistique et des psychologues.»

Destruction étendue, routes coupées, régions isolées uniquement accessibles par bateau: les défis logistiques auxquels MSF et les autres organisations font face aux Philippines sont très semblables à ceux qui se sont posés après le tremblement de terre en Haïti, en 2010, dit M. Robitaille.

«Haïti est la dernière catastrophe d'envergure que nous avons vécue, alors l'expérience acquise là-bas nous aide à mieux intervenir aux Philippines. Sur place, acheminer l'aide dans les zones dévastées est difficile et complexe. Bien du personnel et du matériel devront être transportés par bateaux. Des zones isolées de l'archipel ne sont pas accessibles autrement.»

L'eau potable, un défi de taille

Pour Oxfam, le principal défi est de fournir de l'eau potable aux habitants des zones les plus frappées. Un avion transportant 16 tonnes de matériel de filtration d'eau doit quitter l'Australie à destination de l'île Cebu, aux Philippines.

«Certaines de nos équipes étaient déjà sur place, à cause du tremblement de terre il y a trois semaines», explique Justine Lesage, porte-parole pour Oxfam-Québec

Hier, les équipes d'Oxfam présentes dans la ville très touchée de Tacloblan ont signalé que les habitants désespérés avaient commencé à percer les tuyaux des canalisations d'eau pour boire. L'organisation a noté que les communications étaient rétablies dans la majorité des zones dévastées par le typhon et les violentes inondations qu'il a provoquées.

Beaucoup de bâtiments abritant des hôpitaux et des cliniques ont été détruits par le typhon et les inondations, compliquant la tâche des secouristes, explique M. Robitaille. «Dans les régions touchées, de nombreux membres du personnel médical local manquent à l'appel. Les besoins sont criants. C'est pourquoi nous faisons un déploiement en force.»

MSF établit son centre logistique dans l'île de Cebu, dont la partie sud a été épargnée.

Parmi les stocks de médicaments envoyés par MSF se trouvent des milliers de doses de vaccins antitétaniques nécessaires aux survivants du typhon qui sont aux prises avec des coupures.

Sur le terrain, pour l'instant, l'aide ne se rend pas toujours aux personnes dans le besoin.

Richard Gordon, président de la Croix-Rouge aux Philippines, a dit au New York Times qu'un convoi humanitaire en route pour Tacloban avait dû rebrousser chemin dimanche parce qu'un pont effondré lui bloquait l'accès. Le convoi a été dévalisé par une foule de citoyens affamés.

«Il y a très peu de nourriture qui réussit à entrer [à Tacloban], et ce peu de nourriture a été pris d'assaut par la foule», a confié M. Gordon.

Pays très corrompu, selon l'organisation Transparence International, les Philippines ont une infrastructure mal en point, rarement inspectée par le gouvernement et qui est particulièrement vulnérable aux événements météo extrêmes comme les tremblements de terre et les typhons, rapportait récemment le quotidien The Philippine Star.